Avis du Pôle Scientifique Kinesport
Pastille orange
Pastille orange
Cette étude expérimentale est un article à risque de biais modéré car elle ne contient pas de groupe contrôle ne permettant pas de comparer les effets avec un groupe témoin.
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Mesurer la flexibilité obtenue pendant une heure après la procédure SMR
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Mesurer la flexibilité obtenue dans des sous-groupes d'individus divisés par leurs niveaux de flexibilité, qui seront définis avant la mise en place du protocole
Matériaux et méthodes
Participants
36 volontaires ont été sélectionnés pour l’étude. Une analyse en amont a été réalisée pour définir la taille de l’échantillon, en fixant la probabilité d’erreur à 5% et la puissance de l’analyse à 80%. De plus, une autre analyse en amont a été réalisée pour définir des sous-groupes en fixant la taille de l’effet à 0,4, ce qui a permis d’obtenir 10 participants par groupe.
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Étaient en bonne santé et physiquement actifs (déclarant pratiquer au moins 150 min/an d’activité physique)
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N’avaient pas subi d’accident ou de blessure dans les 12 mois précédant le test
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N’avaient pas signalé de douleurs dans les chevilles ou les pieds
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N’avaient pas de maladie musculo-squelettique, systémique et/ou neurologique
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Ne présentaient pas de signe d’hypermobilité ou de laxité articulaire
Outils
Boîte de Sit and Reach (S&R)
Boîte de 31 cm de haut avec une protubérance au niveau de sa face supérieure le long de laquelle le déplacement en centimètres est déterminé (figure1). La partie externe, qui constitue la protubérance, comporte en son centre un chariot dont le mouvement défini l’allongement et donc les différents degrés de valeurs négatives à positives de la flexibilité.
Balle en caoutchouc
Une balle en caoutchouc et un poids de 140g ont été utilisés pour le SMR du pied. La rigidité de la balle ne permet aucune déformation sous la pression du pied et des membres inférieurs.
Procédure et collecte des données
La séance test a été réalisée le matin entre 9h00 et 11h00 afin d’éviter toute influence circadienne sur la flexibilité musculaire. Au cours de la session de test, chaque participant a été testé à quatre moments différents au cours d’une procédure expérimentale d’une heure (figure 2) :
Réalisation du test
le participant est assis sur le sol pieds nus, les jambes tendues, la plante des pieds en contact à plat contre la boîte, formant un angle de 90° au niveau des chevilles, les deux genoux étant verrouillés en extension. De cette position, les participants tendent lentement les mains vers l'avant, bras tendus, et poussent la jauge de mesure, en se penchant le plus possible vers l'avant et en maintenant l'étirement maximal pendant 2s afin de permettre à l'opérateur de lire le résultat.
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Un groupe flexible (FG)
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Un groupe avec un flexibilité moyenne (AG)
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Un groupe rigide (SG)
Résultats
Pour l’ensemble de l’échantillon, des différences significatives ont été constatées pour le S&R entre T0 et T1, T0 et T2, T0 et T3, T1 et T3.
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Le groupe masculin était moins flexible que le groupe féminin à T0, T1, T2 et T3
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Le groupe masculin a montré une flexibilité croissante au cours du temps, sans qu’une différence statistique significative ne soit relevée
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Les femmes ont montré des différences statistiques entre T0 et T1, T0 et T2, T0 et 3, T1 et T3
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Pas de tendance significative à l’amélioration de la flexibilité pour FG
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AG a montré un comportement similaire à celui de l’échantillon global
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Différence significative entre T0 et T2 et entre T1 et T2 pour SG
Discussion
Flexibilité de la chaîne musculaire postérieure : changements dans l’ensemble de l’échantillon
A ce jour, il s’agit de la première étude à mesurer l’effet de l’intervention SMR sur la flexibilité de la chaîne musculaire postérieure sur une durée d’une heure. L’augmentation de la souplesse immédiatement après (T1) est cohérente avec la littérature, confirmant la transmission d’informations le long des chaînes myofasciales. Cependant, la nouveauté la plus importante de cette recherche réside dans la durée prolongée de l’effet, qui a duré une heure entière. Ce résultat permet aux praticiens d’utiliser la SMR dans une nouvelle perspective.
Pour donner une utilisation pratique à ces résultats, il faut considérer, par exemple, que les athlètes moins flexibles ont une plus grande économie de course, mais en même temps, l’économie de course est liée à la longueur des tendons. Comme la SMR agit sur le tissu conjonctif et le fascia, elle pourrait offrir plus de souplesse sans affecter les performances de course ; bien que des doutes subsistent quant à cette relation.
Flexibilité de la chaîne postérieure : variabilités intra et inter groupes
Nos résultats montrent que le groupe des femmes est plus flexible que celui des hommes, ce qui est cohérent avec la littérature antérieure. Cependant, il est intéressant de souligner le comportement dans le temps de ces deux groupes. En effet, le groupe féminin a montré un comportement identique à l’ensemble de l’échantillon, alors qu’aucune différence statistique n’a été mesurée pour le groupe masculin. Une explication plausible pourrait être identifiée en considérant la plus grande variation de données exprimées dans le groupe masculin.
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La FG n'a pas montré de changements significatifs dans le temps. En conséquence, les individus présentant des niveaux de flexibilité élevés ne semblent pas être affectés par une stimulation SMR de la chaîne musculaire. Cela peut s'expliquer par le fait qu'une telle intervention SMR peut être considérée comme un stimulus inférieur au seuil, et que la courte durée du SMR n'est probablement pas suffisante pour provoquer une modification dans ce sous-groupe, ce qui est conforme aux études précédentes. La question de la durée appropriée de la SMR, en particulier dans une cohorte flexible, reste ouverte.
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AG et SG ont montré des modifications significatives dans le temps, confirmant l’hypothèse de départ, en particulier pour SG
Aspects musculo-squelettiques et fasciaux
Il est bien connu que les muscles sont enveloppés d'un tissu conjonctif composé de différentes couches, ce que l'on appelle le système fascial. Le système fascial a des fonctions proprioceptives et nociceptives et est innervé par des mécanorécepteurs. L'application d'une pression ou d'une traction peut créer une série de réponses différentes qui facilitent le mouvement. Le fascia plantaire étant la partie la plus distale et la plus caudale de la chaîne musculaire postérieure, une pression appropriée sur la surface plantaire stimule les mécanorécepteurs du fascia, ce qui permet une facilitation transitoire de l'ensemble de la chaîne, en raison des propriétés viscoélastiques du tissu conjonctif du fascia.
Conclusion
Les effets aigus de la SMR de la surface plantaire des pieds sur la performance S&R durent jusqu'à une heure après l'intervention. L'ampleur de la modification de la souplesse de la chaîne musculaire postérieure dépend du niveau de souplesse de l'individu, car la SMR ne semble pas produire d'effets dans une cohorte souple, alors qu'elle fonctionne de manière satisfaisante chez les individus ayant une souplesse moyenne et qui étaient raides.
Les entraîneurs et les professionnels du sport devraient prendre en compte et utiliser opportunément la durée de l'effet principal d'une heure maximum dans leurs programmes d'entraînement pour la santé, la forme physique et le sport.
Référence de l'article
Russo L, Montagnani E, Pietrantuono D, D'Angona F, Fratini T, Di Giminiani R, Palermi S, Ceccarini F, Migliaccio GM, Lupu E, Padulo J. Self-Myofascial Release of the Foot Plantar Surface: The Effects of a Single Exercise Session on the Posterior Muscular Chain Flexibility after One Hour. Int J Environ Res Public Health. 2023 Jan 5;20(2):974. doi: 10.3390/ijerph20020974. PMID: 36673731; PMCID: PMC9858880.