Le score RSI, lorsqu’il est basé sur la performance au DVJ en présaison en utilisant une approche traditionnelle (c’est-à-dire avec les bras libres) peut fournir des données supplémentaires pour déterminer le risque de blessures sans contact. Un score plus faible pourrait indiquer que le sujet n’est pas suffisamment entraîné pour supporter les charges subies par le corps pendant la pratique sportive.
L’objectif de cette étude était d’évaluer si le score RSI en présaison permet de discriminer le risque de blessures chez des athlètes impliqués dans des sports avec beaucoup de sauts (par exemple le basketball et le volleyball). L’identification d’un score seuil associé à un plus grand risque de blessures permettrait aux entraîneurs et/ou aux professionnels en médecine du sport de disposer de données chiffrées supplémentaires pour évaluer le risque de blessures. Cette étude reposait sur 3 hypothèses :
- Un score RSI (hauteur de la box pour le DVJ : 30.48 cm) plus faible serait associé à un risque plus élevé de blessures sans contact du quadrant inférieur dans un échantillon constitué à la fois de joueurs universitaires de basketball et de joueuses universitaires de volleyball
- Un score RSI (analysé pour des hauteurs de box de 30.48 cm et 76.20 cm) plus faible serait associé à un risque plus élevé de blessures sans contact du quadrant inférieur chez des joueurs universitaires de basketball
- Un score RSI (analysé pour des hauteurs de box de 30.48 cm et 60.96 cm) plus faible serait associé à un risque plus élevé de blessures sans contact du quadrant inférieur chez des joueuses universitaires de volleyball
Méthode
Un total de 5 courbes ROC (fonction d’efficacité du récepteur) ont été créées pour dichotomiser les athlètes en groupes à risque et de référence :
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Pour tous les participants, pour une hauteur de DVJ de 30.48 cm (Fig. 1)
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Pour les joueurs de basketball et une hauteur de DVJ de 30.48 cm
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Pour les joueurs de basketball et une hauteur de DVJ de 76.20 cm
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Pour les joueuses de volleyball et une hauteur de DVJ de 30.48 cm (Fig. 2)
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Pour les joueuses de volleyball et une hauteur de DVJ de 60.96 cm (Fig. 3)
Les scores seuils qui augmenteraient la sensibilité et la spécificité de la courbe ROC ont été utilisés pour calculer le risque relatif de blessures sans contact du quadrant inférieur.
Résultats
Les informations démographiques, les scores RSI et les composants du RSI (temps de contact et hauteur du saut) sont présentées dans le tableau 1.
Au total, 54 blessures primaires sans contact sont survenues au cours de cette étude (tableau 2) :
- Les joueurs de basketball ont subi 38 blessures (24.5 % de l’échantillon de basketball masculin)
- Les joueuses de volleyball ont subi 16 blessures (13.7% de l’échantillon de volleyball féminin)
Les courbes ROC n’ont pas permis d’identifier des scores seuils qui augmenteraient la sensibilité et la spécificité pour l’ensemble des participants et pour les joueurs de basketball sur les 2 hauteurs de saut.
Les courbes ROC ont identifié de potentiels scores seuils chez les joueuses de volleyball : elles ont pu être catégorisées comme « à risque » si leur RSI au DVJ de 30.48 cm était ≤0.9125 m/s et si leur RSI au DVJ de 60.96 cm était ≤0.9787 m/s.
Les courbes ROC ont identifié de potentiels scores seuils chez les joueuses de volleyball : elles ont pu être catégorisées comme « à risque » si leur RSI au DVJ de 30.48 cm était ≤0.9125 m/s et si leur RSI au DVJ de 60.96 cm était ≤0.9787 m/s.
Le tableau 3 présente le risque relatif de blessures sans contact du quadrant inférieur chez les joueuses universitaires de volleyball en fonction de leurs score RSI en présaison :
- Les joueuses de volleyball avec un score RSI plus faible sur le VDJ à 30.48 cm de hauteur était 4 fois plus à risque de se blesser pendant la saison (RR = 4.2; 95% CI: 1.0,17.7; p-value = 0.024)
- 14 des 16 blessures (87.5%) ont été subies par des joueuses avec un score RSI plus faible
- La sensibilité et la spécificité associés à ce profil à risque était de : Sn = 0875 et Sp = 0.416
- Plus de 84% (11 blessures sur 13) des athlètes avec un RSI plus faible sur le VDJ à 60.96 cm se sont blessées, cependant, il n’y avait pas de différence de risque entre les groupes.
Discussion
Il s’agit, selon les auteurs, de la première étude à évaluer le risque de blessure en se basant sur les scores RSI en présaison. Il n’y a pas d’association entre les scores RSI et les blessures chez les joueurs universitaires de basketball et dans un échantillon hétérogène (avec des joueurs de basketball et des joueuses de volleyball). Cependant, il y a une association significative entre les scores RSI de présaison et les blessures chez les joueuses de volleyball. Le calcul des scores RSI à partir des performances sur le DVJ (30.48 cm) pourrait être inclus dans les programmes de screening de présaison pour identifier les joueuses universitaires de volleyball qui pourraient être plus à risque de blessures sans-contact.
Les programmes d’entraînement pliométrique ont démontré des améliorations du score RSI et ce type d’entraînement pourrait donc être utilisé chez les athlètes présentant un score RSI plus faible afin de réduire leur risque de blessure. Cependant, ceci est spéculatif et justifie une future étude.
Les scores RSI avec des hauteurs de box plus élevées ont été inclus pour représenter les hauteurs de saut verticales effectuées dans les activités liées au sport. Les joueuses universitaires de volleyball avec un score RSI inférieur sur une hauteur de 60.96 cm ne présentaient pas un risque accru de blessures ; cependant, il est possible que la puissance de l’étude ait été insuffisante pour cette hauteur de box car seules 84 participantes ont effectué le DVJ à 60.96 cm car il n’a pas été utilisé sur les premières saisons de l’étude. De futures études devraient utiliser un plus grand échantillon d’athlètes afin d’évaluer le risque de blessure en fonction des scores RSI à 60.96 cm.
Le RSI ne discrimine pas le risque de blessure chez les joueurs universitaires de basketball ou dans échantillon hétérogène d’athlètes. Cette étude s’ajoute un nombre croissant de recherches montrant que les tests de performance fonctionnelle ne discriminent pas le risque de blessure chez les joueurs universitaires de basketball. Une raison potentielle pour laquelle les scores RSI ont été associés à des blessures chez les joueuses de volleyball et non chez les joueurs de basketball pourrait être due aux habitudes d’entraînement avant le début de la saison. Les joueuses universitaires de volleyball (à l’exception de celles de Division I qui ne sont pas inclues dans cette étude), ne sont pas sur le campus en été et s’entraînent sans supervision. Les joueuses retournent dans leurs universités vers la fin de l’été. Au contraire, les joueurs de basketball peuvent utiliser les installations de l’université et leurs programmes d’entraînement sont supervisés pendant la période de 2 mois avant le début de la saison.
Les limites de l'étude
- Les tests ne se sont pas intéressés à une blessure en particulier mais à l’ensemble des blessures du quadrant inférieur
- L’étude s’est intéressée à des athlètes de différents niveaux universitaires et il est possible que les scores RSI puissent varier en fonction du niveau de compétition. De prochaines études devraient évaluer le risque de blessure en fonction du RSI par division de jeu.
- Le score seuil retrouvé chez les joueuses de volleyball ne devrait pas être utilisé pour sélectionner des joueurs de volleyball ou des athlètes féminines dans d’autres sports. Des études futures devraient évaluer la capacité du RSI à distinguer le risque de blessure dans différentes populations.
Conclusion
- Un score RSI plus bas est associé à un risque plus élevé de blessure sans-contact du quadrant inférieur chez des joueuses universitaires de volleyball
- Les entraîneurs et/ou professionnels en médecine du sport devraient dépister les athlètes de volleyball avec ce test (évaluation du RSI sur un DVJ)
- D’autres études sont nécessaires pour valider ce résultat et pour évaluer le RSI comme outil de dépistage dans d’autres populations sportives
L'article
Brumitt J, Dorociak R, Dunn S, Critchfield C, Benner J, Cuddeford T: Lower preseason reactive strength index scores are associated with injury in female collegiate volleyball players but not male collegiate basketball players, J Sci Med Sport (2020) https://doi.org/10.1016/j.jsams.2020.11.018