Un plus grand angle de varus du genou et une rotation interne du bassin après l'atterrissage sont des facteurs prédictifs d'une entorse latérale de la cheville sans contact.

Kinesport
L'entorse latérale de la cheville (LAS) est une blessure courante qui représente 10 à 15 % de toutes les blessures dans les activités sportives. Par conséquent, la prévention de la LAS est précieuse, car elle laisse une empreinte entravant l’activité sportive et qui affecte négativement la qualité de vie future. La connaissance du mécanisme lésionnel est essentielle dans les stratégies de prévention. Les analyses vidéo rapportent un mécanisme en inversion et rotation médiale rapide. De plus, il a été démontré que l'angle d'inversion de la cheville et de rotation interne atteignait un pic dans les 110 ms après le contact initial (IC), et que la pression plantaire latérale déviait latéralement après l'atterrissage de 90 ms à 160 ms, avec le plus grand déplacement latéral à 0,12 s. 
La prévention d'une augmentation rapide de l'inversion de la cheville lors d’une LAS par la seule force musculaire est difficile car le moment d'inversion augmente rapidement et atteint plus de 150 Nm à 1290 deg/s, alors que le couple maximal d'éversion excentrique de la cheville est d'environ 30 Nm. Par conséquent, la prévention des facteurs qui sous-tendent le mécanisme lésionnel est essentielle pour éviter une LAS.
Récemment, il a été démontré que la cinématique des membres inférieurs est liée aux LAS. Dans le plan sagittal, il a déjà été démontré que l'angle de flexion de la hanche ou du genou était réduit, ou que le début de la flexion du genou était retardé en cas de LAS. Par conséquent, certaines caractéristiques anormales de mouvement défavorables à l'absorption de la force de réaction au sol (GRF) se sont produites lors de la LAS.
Dans le plan frontal et transversal, une augmentation de la rotation médiale du bassin, de l'adduction du genou et/ou de l'abduction de la hanche s'est produite avec la LAS. Il est connu que la cinématique est liée à l'augmentation de l'angle d'inversion de la cheville après IC. En particulier, la rotation médiale du bassin est fortement liée au LAS car elle rend le bras du moment d'inversion de la cheville plus long. D'après ces études, la combinaison d'une cinématique anormale dans le plan frontal et transversal, qui augmente l'angle d'inversion de la cheville, et d'une cinématique anormale dans le plan sagittal, qui est défavorable à l'absorption de la GRF, peut causer une LAS. La correction de ces facteurs de risque est donc essentielle.

L'hypothèse de l’étude de cohorte prospective de Mineta et al. était que les altérations de la cinématique du membre inférieur lors d’une stratégie de réception sont des facteurs prédictifs de la LAS. La LAS se produit couramment lors d’une réception unipodale (SLL) et est généralement plus grave dans ces cas que dans ceux causés par un mouvement de changement de direction (COD). Par conséquent, en révélant les caractéristiques du mouvement survenant dans les 110 ms après l'IC lors d’un SLL, nous pouvons identifier les mouvements nuisibles qui devraient être modifiés pour prévenir la LAS.

Résultats

Au total, 167 participants ont été inclus dans l'analyse.

  • Vingt-neuf participants (hommes : 13, femmes : 16) ont subi une LAS pendant un mouvement sans contact, et ils ont été classés comme IG (injured group).
  • Neuf participants ont subi une LAS avec contact et ont été exclus de l’étude. L'incidence globale des LAS était de 12,80 pour 10 000 AEs. Les blessures de LAS survenues lors de mouvements sans contact étaient de 9,77 pour 10 000 AEs. 
L'IG avait une valeur significativement élevée pour l’angle pic de varus du genou, de rotation médiale du bassin vers l'appui, de varus du genou au IC et le moment de pic de varus du genou. Il n'y avait pas de différence significative entre IG (Injured Group) et NG (Non-Injured Group) pour toutes les autres variables cinématiques et cinétiques, les laxités et le nombre d'antécédents de LAS. L'analyse de régression de Cox a révélé qu'un angle de pic de varus du genou plus important (rapport de risque [RR] : 1,16 [IC à 95 % : 1,10e1,22], p < 0,001), et une rotation interne du bassin plus importante vers le membre d'appui étaient associés aux lésions du LAS (RR : 1,08 [IC à 95 % : 1,02e1,15], p 1⁄4 0,009). De plus, l'IG a un temps significativement plus rapide pour atteindre le pic de rotation interne du bassin.
En revanche, il n'y avait pas de différence significative dans le délai d'obtention du pic de l'angle de varus du genou.

Discussion

Cette étude suggère qu'une plus grande rotation médiale du bassin vers le membre en appui avec un plus grand varus du genou étaient associés aux LAS. Les résultats soutiennent partiellement l'hypothèse que la combinaison du mouvement défavorable à l'absorption de la GRF après IC et du mouvement provoquant une augmentation de l'angle d'inversion de la cheville est un facteur prédictif de LAS et suggèrent que seul le mouvement provoquant une augmentation de l'angle d'inversion de la cheville est lié aux LAS. Les sujets NG ont atterri avec une légère rotation médiale du bassin et de valgus du genou dont les valeurs étaient équivalentes aux valeurs normales rapportées dans les études précédentes.
Il est clair qu'une plus grande rotation médiale du bassin par rapport à la jambe d'appui peut entraîner un déplacement latéral du centre de pression (COP), et l'angle de varus du genou est également fortement corrélé avec l'inversion de la cheville, l'angle de rotation interne (r 1⁄4 0,79, 0,80, respectivement) et le déplacement latéral du COP (r 1⁄4 0,75). Cette augmentation de l'inversion de la cheville, de la rotation interne et du déplacement latéral du COP sont des caractéristiques communes aux LAS. Cependant, il n'y avait pas de différence entre les groupes concernant une stratégie défavorable à l’absorption de la GRF lors du IC. En outre, de Ridder et al. ont suggéré que la diminution de la capacité d'absorption de la GRF était un facteur prédictif de LAS. Par conséquent, il semblerait plausible que la LAS se produise lorsque les athlètes qui ont habituellement une rotation médiale du bassin et un angle de varus du genou importants ne parviennent pas à absorber la GRF.

Conclusion

Une augmentation de la rotation pelvienne vers le membre en appui et un angle de varus du genou sont des facteurs prédictifs de LAS. La probabilité de blessure est 5,45 fois et 24 fois plus élevée lorsque l'angle de rotation interne du bassin est supérieur à 6° et que l'angle de varus du genou est supérieur à 0,2° d'angle de valgus du genou, respectivement.

L'article

Mineta, S., Inami, T., Hoshiba, T., Higashihara, A., Kumai, T., Torii, S., & Hirose, N. (2021). Greater knee varus angle and pelvic internal rotation after landing are predictive factors of a non-contact lateral ankle sprain. Physical Therapy in Sport.