Effets de l'entraînement par des jeux réduits par rapport à des approches d'entraînement fractionné de haute intensité (HIIT) chez de jeunes joueurs de basket-ball

Jul 13 / Kinesport
Les exigences du basket-ball dépendent principalement des métabolismes énergétiques anaérobie et aérobie pour atteindre des niveaux de performance élevés lors d'actions répétées à haute intensité pendant les matchs. En compétition, les jeunes joueurs parcourent environ 5,5 à 7,5 km (les activités de haute intensité représentent environ 15 à 23% de la distance totale parcourue) et effectuent également 750 à 1050 actions (chacune durant de 1 à 3 s), incluant des changements de direction, des décélérations et des accélérations. D'un point de vue cinématique et technique, les jeunes joueurs doivent non seulement avoir une bonne condition physique aérobie et une bonne capacité anaérobie, mais aussi des compétences techniques pour réaliser ces performances dans des conditions de match.

Les jeux réduits (small-sided games - SSGs), sont utilisés dans l'entraînement des joueurs de nombreux sports, notamment le basket-ball. Ils obligent les joueurs à travailler de manière intensive et à rester constamment attentifs au jeu sous pression, ce qui exige une plus grande concentration et des exigences physiologiques plus élevées, tout en provoquant une plus grande fatigue. Les SSGs facilitent le développement des compétences techniques et tactiques et donnent lieu à des améliorations significatives des performances physiques et physiologiques. Ils sont largement utilisés par les entraîneurs de basket-ball dans le but de développer simultanément les compétences techniques et tactiques sous des charges physiques élevées.
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Avis du pôle scientifique de Kinesport
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Cet essai clinique randomisé est un article à risque de biais modéré. L'absence de groupe contrôle sans intervention ne permet pas vraiment de conclure sur l'efficacité des deux interventions mais permet juste de comparer les 2 interventions entre elles et de voir si elles sont similaires ou non sur les variables étudiées. De plus, la généralisation des résultats n'est pas possible en raison du faible nombre de sujets dans chaque groupe.
L'entraînement fractionné de haute intensité (High-intensity interval training - HIIT) est décrit comme des exercices intenses et intermittents entrecoupés de périodes de récupération. Des études antérieures ont montré que le HIIT induisait une augmentation de la performance aérobie et anaérobie, de la capacité cardio-respiratoire, et une diminution de la masse grasse. Delextrat et al. ont montré que la performance aérobie maximale de jeunes joueurs de basket-ball a augmenté de 4,1% après un programme de HIIT de 6 semaines.
De nombreuses études ont comparé les effets d'entraînement des programmes HIIT et SSGs dans des sports d'équipe, en particulier le football ; cependant, peu d'études ont examiné les effets sur la performance et les activités techniques de jeunes basketteurs. Aucune étude dans la littérature n'a comparé de manière approfondie les effets des programmes d'entraînement HIIT et SSGs sur de jeunes basketteurs pendant une période de préparation ; par conséquent, le but de cette étude était d'examiner les effets de 6 semaines d’entraînement par jeux réduits (SSGs) et de HIIT sur les réponses psychophysiologiques, la performance et les compétences techniques de jeunes basketteurs.

Méthode

 Conception de l'étude

  • Cette étude est un essai clinique randomisé à 2 groupes appariés pour comparer les effets des jeux réduit (SSGs) par rapport au HIIT.

32 jeunes joueurs de basket-ball masculins (âge : 14,5 ± 0,5 ans, taille : 179,3 ± 3,7 cm, poids : 70,0 ± 3,6 kg, pourcentage de masse grasse : 13,6 ± 1,3) ont été répartis au hasard dans deux groupes d'intervention d'entraînement : un groupe SSGs (n = 16) et un groupe HIIT (n = 16).

Ils étaient membres d'une même équipe de basket-ball évoluant dans une ligue régionale. Ils étaient habitués à une charge de travail de 5 entraînements par semaine et avaient participé à des entraînements et des matchs pendant au moins 3 ans.

L'étude a été menée pendant la période de préparation, sur 8 semaines au total : 1 semaine de pré-test, 6 semaines d'interventions d'entraînement et 1 semaine de post-test.
Les évaluations suivantes ont été effectuées : 
  • Test de condition physique intermittent (30-15 IFT) pour déterminer la performance de course intermittente à haute intensité avec changements de direction. La vitesse de course lors du dernier palier réussi a été enregistrée (VIFT). 
  • Test de sprint sur 30 m (avec des mesures à 5, 10 et 20m également)
  • Tests de saut avec plateforme de force : contre-mouvement jump (CMJ), CMJ avec bras (CMJarm), squat jump (SJ), drop jump (DJ) 
  • Test de capacité à répéter les sprints (repeated sprint ability - RSA) : 6 répétitions de sprints en navette de 2x15m toutes les 20 secondes 
  • T-Test (Tdrill) et T-Test modifié (Tdrillmod) pour mesurer les performances de changements de direction (COD)
  • Capacités techniques : compétences de passe (passing skills - PS), contrôle du dribble (control dribbling - CD), compétences de tir (shooting skills - SS)
  • Test de récupération intermittent Yo-Yo niveau 1 (YYIRT-1) pour évaluer la capacité aérobie et estimer le VO2Max 
Les deux interventions d’entraînement ont été effectuées trois fois par semaine. Les sessions d'entraînement étaient séparées par 2 jours de repos. Tous les joueurs ont effectué le même type d'entraînement ainsi que des SSGs spécifiques ou du HIIT. 

 Interventions d’entraînement 

Après l'échauffement, les joueurs ont effectué soit des SSGs, soit une séance de HIIT avec la même durée totale d'entraînement pendant chaque séance d'entraînement.

  • HIIT : course intermittente à 90-95% du VIFT des joueurs pendant 15 s, suivie de 15 s de repos passif, autour d'une piste d'athlétisme standard
  • Jeux réduits (SSGs) : 2 contre 2 sur tout le terrain pendant 10 à 18 min avec 2 min de repos passif entre les sessions. Il a été montré dans des études précédentes que les joueurs avaient, sur ce type de SSGs, une intensité d'exercice similaire (>85% de leur fréquence cardiaque maximale) aux exercices HIIT basés sur la course.
L'évaluation de l'effort perçu (RPE) a été obtenue après chaque session pour calculer la charge interne d'entraînement. Tous les joueurs ont également rempli la version courte de l'échelle de plaisir de l'activité physique (physical activity enjoyment scale - PACES).

Résultats

 Réponses psychophysiologiques

  • Les séances de HIIT ont montré des réponses significativement plus importantes que les séances de jeux réduits (SSGs) en termes de :
  •       Evaluation de l’effort perçu / RPE (8,8 ± 0,4 vs 7,7 ± 0,3 ; p ≤ 0,05, d = 3,27 (effet très important))
  •       Echelle d’évaluation de l’effort mental / RSME (97,9 ± 8,6 vs 63,2 ± 5,8 ; p ≤ 0,05, d = 4,73 (effet très important))
  •       Charge interne d’entraînement / ITL (457,4 ± 19,4 vs 400,8 ± 14,6 ; p ≤ 0,05, d = 3,29 (effet très important))
  • À l'inverse, les scores PACES (échelle de plaisir de l’activité physique) des séances de SSGs étaient significativement plus élevés que ceux des séances de HIIT (28,8 ± 1,8 vs 22,9 ± 1,4 ; p ≤ 0,05, d = 3,67 (effet très important))
Description des 6 semaines de programmes d'entraînement SSGs et HIIT, des réponses psychophysiologiques hebdomadaires et de la charge interne d’entraînement
Tableau 1 : Description des 6 semaines de programmes d'entraînement SSGs et HIIT, des réponses psychophysiologiques hebdomadaires et de la charge interne d’entraînement

 Réponses de performance

En termes de comparaisons au sein des groupes, des changements significatifs ont été observés dans toutes les réponses de performance mesurées (p ≤ 0,05, effets minimes à très importants)
La comparaison entre les groupes a montré que : 
  • Le groupe jeux réduits (SSGs) a montré des réponses significativement plus importantes que le groupe HIIT dans les performances de dribble (CD) et de shoot (SS) (p ≤ 0,05, d = allant de 1,41 à 1,71 (effets importants)). 
  • Le groupe HIIT a montré des réponses significativement plus importantes dans les performances de sprint sur 30 m (p ≤ 0,05, d = 0,68 (effets très importants))
Amélioration de la performance et des réponses techniques après les interventions SSGs et HIIT
Figure 1 : Amélioration de la performance et des réponses techniques après les interventions SSGs et HIIT
Effet des deux méthodes d'entraînement sur les performances des participants
Tableau 2 : Effet des deux méthodes d'entraînement sur les performances des participants

Discussion

La nouveauté de cette étude est la comparaison entre l'entraînement par SSGs et le HIIT sur les adaptations de la condition physique (profil locomoteur, capacités de saut, sprint et changement de direction) et les capacités techniques des joueurs de basket-ball. Ce type d'analyse est rare dans le domaine du basket-ball, et cette étude fournit des informations supplémentaires aux entraîneurs et aux praticiens. Les principaux résultats ont révélé que l'entraînement SSG et HIIT étaient efficaces pour améliorer le profil locomoteur, la condition aérobie, la capacité de sprint répété, la vitesse linéaire entre 5 et 20 m, le saut vertical et le T-Test de manière significative et similaire. Bien que tous deux aient eu un effet positif significatif sur les compétences techniques, le groupe SSGs a obtenu des résultats significativement meilleurs que le groupe HIIT. Cependant, le groupe HIIT a bénéficié de résultats significativement meilleurs au sprint sur 30 m, par rapport au groupe SSGs.

Les SSGs sont généralement utilisés à petites doses pour améliorer la puissance aérobie des athlètes, car ils sollicitent à la fois les systèmes anaérobie et aérobie dans de courtes séquences d'activité. De la même manière que le HIIT court, les SSGs améliorent l'absorption maximale d'oxygène. Par conséquent, on peut raisonnablement s'attendre (s’ils sont bien conçus) à ce que les SSGs améliorent les systèmes énergétiques, ce qui permet d'améliorer le profil locomoteur, l’aptitude aérobie ou la capacité à répéter les sprints. Dans cette étude, les deux groupes (SSGs et HIIT court) ont amélioré de manière significative la vitesse finale au 30-15 IFT, la capacité aérobie dans le YYIRT-1 et les tests de RSA. Les résultats de cette étude sont conformes à ceux d'études similaires menées auprès de jeunes footballeurs et de jeunes basketteurs.
Sachant que la condition aérobie peut améliorer de manière significative la capacité à répéter les sprints (RSA), il est raisonnable de supposer que les SSGs peuvent indirectement bénéficier à la RSA en améliorant à la condition aérobie et/ou à la capacité à récupérer plus rapidement entre les actions intermittentes. De même, la condition aérobie peut influencer le 30-15 IFT, mais pas exclusivement. Le 30-15 IFT étant un test multi-dépendant influencé par la puissance aérobie, le changement de direction ou la préparation neuromusculaire, les SSGs et le HIIT court peuvent avoir apporté un soutien supplémentaire en améliorant le changement de direction ou la préparation neuromusculaire. Les SSGs, en particulier, exposent les joueurs à une fréquence élevée de changements de direction, d'accélérations et de décélérations (stimulus neuromusculaire), ce qui peut indirectement bénéficier à la performance finale au 30-15 IFT.
Il est également intéressant de noter que, à l'exception du test le plus long, les deux interventions d'entraînement ont entraîné des améliorations significatives similaires dans presque tous les tests de vitesse linéaire. Les SSGs sont généralement joués dans de petits espaces, donc le manque d'espace pour atteindre la vitesse maximale dans les distances associées à la vitesse maximale peut être affecté ou pas aussi bien développé que dans le HIIT court, qui peut couvrir des distances linéaires plus longues. En termes de dimensions techniques, alors que les deux groupes ont amélioré leurs compétences, ceux qui ont participé aux SSGs ont bénéficié d'un avantage significatif dans le contrôle du dribble et du tir. Ceci est lié au fait que les SSGS sont basés sur des exercices dans lequel les événements techniques émergent de la dynamique du jeu. Par conséquent, le stimulus continu du jeu peut fournir un soutien supplémentaire aux capacités techniques des joueurs sans compromettre les adaptations physiques positives. Ces résultats sont cohérents avec les recherches précédentes comparant les SSGs et le HIIT chez les jeunes joueurs de basket-ball.

Le processus de suivi des niveaux d'intensité et de plaisir ressentis par les joueurs pendant les séances d'entraînement a révélé que les SSGs procuraient un plus grand plaisir, une perception moindre de l'intensité et une perception moindre de l'effort mental, ce qui est conforme aux rapports précédents. Cette preuve est extrêmement importante car les SSGs chez les jeunes basketteurs peuvent permettre des adaptations physiques positives presque identiques à celles du HIIT, avec l'avantage supplémentaire d'améliorer les compétences techniques tout en améliorant le plaisir et l'adhésion.

Conclusion

  • Les interventions d'entraînement basées sur les jeux réduits (SSGs) et le HIIT sont toutes deux efficaces pour améliorer la condition physique générale (le profil locomoteur, la condition aérobie, la vitesse, la capacité à répéter les sprints, le saut vertical) et les capacités techniques des jeunes basketteurs.
  • Compte tenu de ces résultats, les entraîneurs sont libres de choisir la méthode d'entraînement la plus appropriée et la plus adéquate, puisque les deux fournissent des effets similaires en matière de condition physique et d'aptitudes techniques.

Article

Arslan E, Kilit B, Clemente FM, Murawska-Ciałowicz E, Soylu Y, Sogut M, Akca F, Gokkaya M, Silva AF. Effects of Small-Sided Games Training versus High-Intensity Interval Training Approaches in Young Basketball Players. Int J Environ Res Public Health. 2022 Mar 2;19(5):2931. doi: 10.3390/ijerph19052931.