Procédure de Latarjet pour le traitement de l'instabilité glénohumérale antérieure chez l'athlète - Considérations clés pour la rééducation

Kinesport
La chirurgie de Latarjet avec transfert du processus coracoïde et du tendon conjoint qui lui est attaché est une technique chirurgicale bien établie pour le traitement de l'instabilité gléno-humérale antérieure chez les patients présentant une perte osseuse antéro-inférieure et/ou un risque élevé de récidive. Les études biomécaniques et cliniques ont montré d'excellents résultats et des taux élevés de reprise des activités sportives. Cependant, il n'existe pas dans la littérature de critères normalisés et objectifs permettant d'évaluer avec précision la capacité d'un athlète à progresser à chaque phase de la rééducation. Les auteurs ont donc cherché à fournir un protocole de rééducation sans critères temporels, spécifique à la chirurgie Latarjet, progressant à travers des phases clairement définies, avec des conseils pour un retour au sport sûr et efficace. 

Chirurgie 

En 1954, Latarjet a proposé pour la première fois le transfert de la pointe de la coracoïde en suggérant que la partie horizontale du processus coracoïde soit fixé au bord antéro-inférieur de la glène par une vis. 
Le succès de l'intervention peut s'expliquer par un triple effet bloquant :

  • Le tendon conjoint (courte portion du biceps + coraco brachial) agit comme une écharpe sur le subscapulaire inférieur et la capsule antéro-inférieure lorsque le bras est en abduction et en rotation externe.
  • L'ajout d'os au bord de la glène augmente le diamètre osseux antéropostérieur.
  • La capsule inférieure est renforcée par une partie du ligament coraco-acromial.

Rééducation

La rééducation, telle que présentée dans cette étude, se fera en 5 phases distinctes.

  Phase de Protection
  • Immobilisation 4 semaines en écharpe en ABD.
  • En raison de la voie d’abord dans le tendon du sous-scapulaire et de la réparation de la capsule, la rotation externe (RE) doit être limitée à <30° pendant les trois premières semaines.
  • Pas d’isométrique pendant les 2 premières semaines pour éviter toute force de cisaillement ou compressive.
  • Ne pas mettre en charge pendant la flexion et la supination du coude, afin d'éviter d'arracher la coracoïde de la glène.
  • ROM passif / TM tissus mous / cryothérapie
  • Contrôle neuromusculaire de la scapula / travail actif des ROM des autres articulations du membre supérieur

 Phase d’Endurance
  • ROM actifs / contrôle neuromusculaire / endurance musculaire (15-25 répétitions, 2-3 séries, <65% de la 1RM, repos < 30 sec) / Sens Positionnel / Progression dans le contrôle de la scapula / Intégration de la chaine cinématique 



 Phase de Force
  • >6 semaines post op (cicatrisation des tissus mous)
  • Augmenter la force (8-12 répétitions, 3 à 6 séries) / Challenger le contrôle neuromusculaire/ Commencer le travail en chaine cinétique fermée / Travail des fins d’amplitude / PNF.
  • PROMs : Athlete Fear Avoidance Questionnaire (AFAQ).
  • Si besoin, consultation psychologue du sport pour préparer le RTS.


 Phase de Puissance
  • Force (80-100% 1RM, 3-6 répétitions, 3-6 séries) / Vitesse / Plyométrie
  • Évaluation fonctionnelle en fin de phase pour valider le RTS : FMS / YBAL + testing spécifique au sport pratiqué.

 Programme de Retour au Jeu 
  • Spécifique au sport.

Algorithme Décisionnel et Critères 

Conclusion

Cet article décrit un protocole de réhabilitation basé sur des critères de passage, et non des critères temporels, après une procédure de Latarjet dans une population d'athlètes. En suivant méthodiquement l'algorithme de réadaptation avec critères de passage, tel qu’il est recommandé dans cet article, on s'attend à ce que l'athlète ait terminé un programme de réadaptation très complet qui porte sur les ROM actifs et passifs, le contrôle neuromusculaire, la force, la puissance et un retour progressif au jeu, tout en intégrant un testing spécifique au sport en fin de parcours de réhabilitation pour valider efficacement le RTP/RTS.

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