
Avis du pôle scientifique de Kinesport
Pastille verte
Pastille verte
Cette étude cas-témoin est un article à faible risque de biais, tous les critères méthodologiques majeurs sont respectés permettant de limiter et contrôler au mieux les biais dans leur étude.
L’objectif principal de cette étude est dans un premier temps de revoir et analyser les séquences vidéo des plaquages ayant entrainé des HIA, diagnostiqués médicalement comme des commotions cérébrales, ainsi que des séries de plaquages n’ayant pas résulté en impacts à la tête, afin d’explorer spécifiquement de quelle façon la position du corps du plaqueur et du porteur de balle était associée à la propension et à l’incidence des HIAs pendant les phases de plaquage dans le rugby à XIII australien (NRL).
Méthode
Participants
Cette étude cas-contrôle a été conduite dans la NRL sur deux saisons consécutives (2017 et 2018). La NRL compte 16 clubs qui jouent dans une saison régulière à 24 matchs et des play-offs de 4 semaines entre les 8 équipes qualifiées.
Dans une saison complète, il y a donc 192 matchs de saison régulière et 9 matchs de play-offs, ce qui résulte en un total de 402 matchs dans l’étude de cohorte.
Procédures
Les épisodes d’impacts à la tête (HIEs) ont été détecté à travers le système de surveillance de la NRL. Pour les saisons 2017 et 2018, il y avait deux systèmes de surveillance des blessures : le staff médical de l’équipe et un système de surveillance des blessures installé le long des lignes de touche (SIS).
Ainsi tous les HIEs ont été identifiés soit par le SIS soit par un médecin, et enregistrés dans l’application GamePlan, qui est utilisée pour revoir ces actions à vitesse réelle et en slow motion, et ce sur toute la durée de l’action.
Un HIA a été identifié comme un événement d'impact à la tête qui a nécessité soit le retrait du jeu permanent d'un joueur avec une commotion cérébrale confirmée, soit le retrait temporaire d'un joueur avec une commotion cérébrale suspectée pour une évaluation de blessure à la tête hors du terrain. Les HIEs et les HIAs diffèrent donc suivant le résultat clinique ou les mesures prises après l'observation de l'impact.
Pour la présente étude, les HIAs ont été sélectionnés comme le critère pour un cas de blessure à la tête car ils entrainent le retrait d'un joueur du jeu avec une commotion cérébrale suspectée ou confirmée, ce qui engendre au moins un remplacement temporaire (qui peut devenir définitif) et ont donc un impact considérable sur le sort du match.
Le focus a été porté ici sur les éléments techniques des actions concernant le plaqueur et le plaqué et les impacts à la tête qui en résultent. Il a donc été mentionné la position du corps des deux joueurs, le contact à la tête du joueur blessé avec l’adversaire pendant le plaquage et la façon dont le porteur de balle procède pour éviter le plaquage.
En parallèle, un groupe contrôle de 5694 plaquages qui n’ont pas résulté en un HIA ont été récupérés depuis une sélection randomisée de 8 matchs sur les saisons 2017 et 2018. Un plaquage a été défini comme "tout événement où un ou plusieurs défenseurs ont tenté d'arrêter ou de gêner le porteur du ballon, que le porteur du ballon ait été ou non amené au sol." Les plaquages de contrôle ont été enregistrés par le même analyste que ceux qui ont amené aux HIAs.
Les épisodes de plaquage étaient exclus de l’analyse si la qualité de la séquence vidéo ne permettait pas d’identifier ou d’observer clairement les différents éléments qui composent la phase de plaquage.
Résultats
Résumé général
Un total de 472 HIAs ont été identifiés et décryptés minutieusement pendant la période d’analyse. Parmi ceux-là, 446 (94,5%) sont apparus sur des plaquages, les 26 restants étant apparus dans le jeu ou lors de collisions sans ballon. La propension globale d’un HIA pendant un plaquage était de 1,56 HIAs/1000 plaquages, un HIA sur plaquage apparaissant tous les 0,90 matchs.
Il y a eu 283 HIAs qui sont apparus chez les plaqueurs, qui étaient 1,7 fois plus à même de subir un HIA que les plaqués (163 HIAs).
La propension chez les plaqueurs était de 0,99 plaqueurs HIAs/1000 plaquages.
En comparaison les plaqués étaient à 0,57 plaqués HIAs/1000 plaquages.
Position du corps du joueur
Des positions du corps redressées chez les deux joueurs, le plaqueur et le plaqué, ont créé le risque le plus important de HIAs. Des plaquages hauts ont été observés dans 67% de tous les plaquages HIAs, avec un HIA impliquant un joueur qui plaque haut tous les 1,36 matchs avec une propension de 2,55 HIAs/1000 plaquages.
La propension pour un HIA était 3,2 fois plus grande lorsque les plaqueurs étaient redressés que lorsqu’ils étaient baissés au niveau de la taille (0,80 HIAs/1000 plaquages à la taille), une situation qui est arrivée tous les 4,14 matchs.
Lorsque l’on évalue le risque pour différentes positions du corps du joueur plaqué, la propension était la plus importante quand ce joueur était redressé (2,45 HIAs/1000 plaquages), comparé à une position baissée au niveau de la taille (0,16 HIAs/1000 plaquages) ou bien lorsqu’il était en train de tomber ou de plonger (1,70 HIAs/1000 plaquages).
Le taux d’incidence de HIA était le plus important pour les porteurs de balle qui étaient redressés (tous les 1,10 matchs), suivi par les porteurs de balle tombant ou plongeant (tous les 6,28 matchs) et les porteurs de balle baissés au niveau de la taille (tous les 30,92 matchs).

Position du corps du joueur- joueur blessé
Quand le plaqueur a subi un HIA (282 HIAs avec une séquence vidéo adéquate), 160 (57%) sont apparus quand ce joueur était redressé. Les plaqueurs redressés ont la plus forte propension et l’incidence la plus élevée concernant les plaqueurs HIAs, avec des plaqueurs redressés 1,9 fois plus à même de subir un HIA que des plaqueurs à la ceinture, et 1,4 fois plus à même de subir un HIA qu’un plaqueur qui plonge.
Quand le HIA se produisait pour le porteur de balle, la propension et l’incidence la plus importante était également observée pour des plaqueurs redressés (1,17 plaqué HIA/1000 plaqueurs hauts avec un épisode tous les 2,98 matchs/plaqué HIA).
La propension la plus importante pour un HIA, à la fois pour le plaqueur et pour le plaqué, était retrouvée quand le plaqué était redressé (1,63 plaqueur HIA/1000 plaqués redressés et 0,81 plaqué HIA/1000 plaqués redressés)

Interactions entre les positions du corps du plaqueur et du plaqué
Lors du plaquage, lorsque les deux joueurs sont redressés, la propension de HIA était de 2,64 HIAs/1000 plaquage de ce type. Il existait une similarité quand le plaqueur était redressé et le porteur de balle était en train de tomber/plonger (appelé « autres ») avec 2,69 HIAs/1000 plaquages, et également lors des plaquages ou les plaqueurs étaient bas et les porteurs de balle redressés avec 2,27 HIAs/1000 plaquages.
L’incidence concernant ces interactions était en revanche différente, l’incidence la plus haute apparaissant quand, à la fois le plaqueur et le plaqué, étaient redressés (tous les 1,57 matchs). Pour un plaqueur bas sur ses appuis et un porteur de balle redressé, un HIA était répertorié tous les 4,96 matchs, alors qu’un plaqueur redressé et un porteur de balle tombant/plongeant produisait un HIA tous les 14,36 matchs.
La propension et l’incidence la plus faible apparaissait pour des plaquages ou à la fois le plaqueur et le plaqué étaient baissés (0,05 HIAs/1000 plaquages, et un épisode tous les 134 matchs). Cette situation avait engendré seulement 3 HIAs (< 1% du total), malgré le fait que cela représentait 22% de tous les plaquages de la cohorte contrôle.

Contact à la tête avec un adversaire
La propension la plus élevée pour le HIA du plaqueur apparaissait quand la tête du plaqueur rentrait en contact avec le coude, la chaussure ou le genou du plaqué. Les HIAs apparaissant suite à ces impacts restent tout de même rares, comptant pour 25 (9%), 12 (4%), 17 (6%) et 5 (2%) de tous les HIAs des plaqueurs, respectivement.
L’incidence la plus importante était retrouvée pour les impacts tête/tête et tête du plaqueur/épaule du plaqué. Ces impacts ont une propension relativement faible à causer des HIAs (0,64 HIAs/1000 plaquages, pour l’épaule) et une propension modérément haute (10,31 HIAs du plaqueur/1000 plaquages, pour la tête).
La propension la plus faible des HIAs était observée quand la tête du plaqueur rentrait en contact avec le tronc du porteur de balle. Cette situation résultait aussi dans l’incidence la plus faible du HIA du plaqueur, avec un HIA du plaqueur tous les 134 matchs.
Pour les HIAs du porteur de balle, la propension était la plus haute pour des contacts avec le coude, la chaussure, l’avant-bras et la tête du plaqueur, et la plus basse était pour des contacts avec le tronc, la main et l’épaule du plaqueur.
Comme observé pour les HIAs du plaqueur, les types de contact avec la plus grande propension de HIA (coude, chaussure et avant-bras) sont rares, comptant pour 11 des 162 HIAs du porteur de balle (6,8%), alors que les types de contacts les plus communs aboutissant à des HIAs étaient un contact du porteur de balle avec l’épaule (49 HIAs, 30,2%), le bras (30HIAs, 18,5%) et la tête (27 HIAs, 16,7%).
