Le travail musculaire et sa relation avec les polymorphismes ACE et ACTN3 sont associés à l'amélioration de la force explosive

Kinesport
Depuis la découverte du génome humain, des recherches considérables ont été menées sur l'influence possible de la génétique sur les performances sportives ; en effet, on pense que les facteurs génétiques déterminent entre 20 et 80 % d'une grande variété de caractéristiques pertinentes pour les performances sportives, telles que la consommation d'oxygène, le débit cardiaque, le métabolisme du glucose et des lipides ou la proportion relative de fibres à contraction lente et rapide dans le muscle squelettique entraîné. Ces connaissances antérieures ont conduit la recherche à se concentrer sur la recherche de profils génétiques associés à cette performance et permettant, à leur tour, d'orienter l'entraînement et de sélectionner le sport.

Les polymorphismes conditionnant la force explosive ne sont pas les mêmes que ceux conditionnant la résistance. Deux des polymorphismes les plus étudiés en termes d'influence sur les performances sportives sont l'allèle d'insertion/délétion (I/D) de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ACE). Dans plusieurs études, ACE I/D a montré la relation entre ce polymorphisme et le statut d'athlète d'élite. Dans les populations caucasiennes, l'allèle I a déjà été associée à une meilleure performance d'endurance d'élite chez les coureurs de fond et les rameurs, ainsi qu'à une meilleure performance en haute altitude. L'allèle D, a été signalée comme étant associée aux sports de force/puissance, tels que le sprint et les épreuves de natation de 400 m.
D'autre part, l'alpha-actinine-3 (ACTN3) code pour l'alpha-actinine-3, une protéine de liaison à l'actine ayant un rôle structurel au niveau de la ligne Z sarcomérique dans les fibres musculaires glycolytiques (type II, à contraction rapide) et un rôle de plus en plus évident dans la régulation du métabolisme musculaire. Le polymorphisme de l'alpha-actinine-3 (ACTN3) a été signalé dans plusieurs études dans des associations liées à la performance physique tant chez les athlètes d'élite que dans la population générale, l'allèle 577R étant associé à une performance accrue en sprint, tandis que la variante 577XX a été signalée comme étant trouvée à une fréquence réduite chez les sprinters et autres athlètes de sprint/puissance.

Par conséquent, ces polymorphismes dans les gènes ACE et ACTN3 ont été généralement décrits comme des "gènes qui déterminent les performances sportives", avec des effets potentiels sur les performances musculaires.

L'objectif de l'étude était d'analyser quel type de travail musculaire traditionnellement utilisé dans la performance athlétique est plus efficace pour améliorer certaines variables de force explosive, ainsi que d'essayer d'établir si l'amélioration obtenue est exclusivement due à un entraînement constant ou à la génétique des sujets.

Méthode

L'étude a été conçue comme un essai contrôlé randomisé par paires en fonction du genre.
80 sujets, répartis en 4 groupes de 20 personnes (travail musculaire concentrique (CMW), travail musculaire excentrique (EMW), travail musculaire concentrique excentrique (C-EMW) et travail musculaire isométrique (IMW)).

Critères d'inclusion : sujets ne présentant pas de lésions musculo-squelettiques dans la partie inférieure du corps au moment de l'étude, ceux qui ont fait preuve d'un engagement sérieux pour effectuer la totalité de l'entraînement, et qui ne suivaient aucun autre programme d'entraînement pouvant interférer avec les résultats obtenus dans cette étude.

Critères d'exclusion : sujets hypertendus ou dont la tension artérielle n'était pas contrôlée au moment de l'étude, ainsi que les sujets immunodéprimés.
Méthodologie

  • 5 min d’échauffement sur un vélo stationnaire
  • Exercice : demi squat avec Russian Belt en pente inclinée (40 degrés déclive par rapport à l’horizontale)
  • 4 séries de 12 répétitions avec 1min30 repos entre les séries
  • Mesure de fréquence cardiaque à la fin du protocole
  • L’entrainement dure 12 jours
Tests Fonctionnels 

  • Long Jump : Faire le saut bipodal le plus long possible, départ arrêté
  • Test de détente verticale (Test Sargent (ST)) : Aller toucher avec la main le point le plus haut verticalement contre un mur
  • Test de Puissance de Saut mesurée par l’équation suivante : [(51,9 * taille CMJ (cm)) + (48,9 * masse corporelle (kg)) - 2007]
  • Test de vélocité du sprint (SV) : temps de sprint sur 60m sur sable sans obstacle

Analyse Génétique
 

Le protocole Reliaprep™ Blood gDNA Miniprep System (Promega, Madison, WI, USA), a été utilisé conformément aux instructions du fabricant, et l'ADN extrait a été conservé à -20 jusqu'à son utilisation.

Résultats

ACE

  • Test Sargent (ST) : Le gène ACE a montré des différences entre les trois génotypes (p = 0,003), en raison d'une amélioration de 1,97 cm (IC 95 % : 1,179-2,422 ; p = 0,026) dans les génotypes DD et ID
  • Long Jump : Il y avait également une amélioration du saut de 1,46 cm (IC 95 % : 1,215-1,733 ; p < 0,001) entre les génotypes DD et II.
  • Vélocité du sprint (SV) : Le génotype DD a montré une amélioration par rapport aux deux autres (p = 0,017) ; celle-ci était de 0,248 s (IC 95% : 0,142-0,425 ; p = 0,021) entre les génotypes DD et ID, et de 0,295 s (IC 95% : 0,172-0,483 ; p = 0,004) entre les génotypes DD et II

ACTN3

  • Long Jump : différence significative. La variante XX a montré une amélioration moindre par rapport au RX, -8,03 cm (IC 95 % : -12,262-5,138 ; p < 0,001) et par rapport au RR, -6,79 cm (IC 95 % : -9,262-4,2622 ; p < 0,001)
  • Test Sargent (ST) : Le ST a montré des résultats similaires avec des différences entre les génotypes (p < 0,001). Le variant XX a montré les pires résultats en termes d'amélioration ; si l'on compare avec le variant RR, le résultat est de -2,055 cm (IC 95 % : -3,251-1,163 ; p < 0,001), mais il n'y a aucune différence entre les variantes XX et RX (p = 0,068)
  • Vélocité du sprint (SV) : Pas de différences entre les groupes
  • Puissance de saut : amélioration générale de la variante XX par rapport aux autres variantes (p = 0,004), ce qui confirme une différence de 183,044 (IC 95% : 73,373 367,262 ; p < 0,001) par rapport à la variante RR, et de 183,744 (IC 95% : 82,274-401,632 ; p < 0,001) par rapport à la variante RX

Discussion

Environ la moitié des participants de l'étude étaient hétérozygotes pour les deux gènes candidats étudiés, ce qui suggère que, pour la plupart, les sujets bénéficieraient de l’entrainement en activités de force explosive.
Le groupe CMW (travail musculaire concentrique) a rassemblé plus de sujets avec des génotypes de force explosive ; cependant, le groupe avec la meilleure amélioration des résultats des variables étudiées était le C-EMW. Ceci suggère que cette étude ne démontre pas d'influence entre le travail musculaire effectué et l'amélioration obtenue dans les variables de force explosive.
De plus, les sujets avec le génotype ACE DD ont montré de plus grandes améliorations dans le saut en longueur, le saut vertical et le saut en puissance, tandis que les sujets avec le génotype ACTN3 RR se sont également améliorés dans les mêmes variables.

Conclusion

  • Les gènes sélectionnés ont démontré une influence sur le travail musculaire et l'amélioration des variables de la force explosive avec un rôle déterminant concernant le type de travail musculaire effectué.
  • Les différentes activités pratiquées par les sujets de l'étude (CMW / EMW / C-EMW / IMW) ne montrent aucune influence sur l'amélioration de la puissance, comme cela a été montré précédemment en relation avec les gènes ACE et ACTN3.
  • Dans le futur, une fois que l'influence potentielle de la génétique sur les performances athlétiques et la fonction musculaire aura été totalement déterminée, ces informations pourraient être très utiles pour établir le choix du sport pour les jeunes athlètes participant à des programmes de développement à long terme de l’athlète.

L'article

https://www.researchgate.net/publication/353556386_Muscle_Work_and_Its_Relationship_with_ACE_and_ACTN3_Polymorphisms_Are_Associated_with_the_Improvement_of_Explosive_Strength
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