Une revue de littérature actualisée de l'épidémiologie des blessures liées à la natation

Kinesport
La natation est devenue l'un des sports les plus pratiqués et les plus populaires au monde car étant accessible à tous ou presque. Néanmoins, au plus haut niveau de pratique, sa nature cyclique, combinée à des charges d'entraînement importantes, à des exigences techniques élevées et à des sollicitations de force pour surmonter une charge externe, principalement dans le membre supérieur, peut entraîner des surcharges articulaires et musculaires, augmentant ainsi le risque de blessure. Par exemple, un nageur d'élite peut nager en moyenne 6 à 10 km par jour, 5 à 7 jours par semaine, et souvent deux fois par jour. Cela équivaut à environ 60 à 80 km et 30 000 mouvements de nage par semaine.
Benjamin Fraisse vous propose une traduction/synthèse de la publication de Trinidad et al.(2020). Deux revues systématiques (Gaunt 2012 et Wanivenhaus 2012) ont décrit que les blessures les plus courantes dans la natation sont principalement dues à une surcharge au niveau du genou, de la région lombaire et/ou hanche, et surtout de l'épaule. En ce qui concerne le type de blessure, il semble que les blessures les plus prédominantes soient musculo-squelettiques et ligamentaires. Il n'y a cependant pas de consensus sur la déclaration des taux de blessures, ce qui ne permet pas de comparer le risque de blessure chez les nageurs d'une étude à l'autre. Les blessures ont un impact négatif sur le nageur, évoquant un nombre élevé d'absences à l'entraînement et/ou en compétition, entraînant une douleur chronique ou même se terminant par une opération qui peut se transformer en handicap ou en arrêt du sport. En outre, la douleur peut persister pendant des années après la retraite sportive, ce qui entraîne un coût social et économique important pour l'athlète.

La recherche sur la prévalence des blessures liées à la natation est précaire d'un point de vue méthodologique. La science de la natation ne permet pas d'établir des conclusions valables et fiables pour développer des programmes efficaces visant à réduire l'incidence et la gravité des blessures dans ce sport, comme c'est le cas dans d'autres sports, où des guidelines pour la surveillance des blessures ont déjà été établies. La littérature sur la natation s'est principalement concentrée sur les blessures à l'épaule, en évitant largement d'autres blessures moins fréquentes qui pourraient être tout aussi pertinentes. De même, la plupart des études identifiées sont descriptives ou rétrospectives, avec des échantillons peu nombreux et utilisant un format de questionnaire. C'est pourquoi, en 2016, la Fédération internationale de natation (FINA) a publié une déclaration de consensus sur la méthodologie de surveillance des blessures et des maladies dans les sports aquatiques. Ce document ne traite pas seulement des directives en matière de soins médicaux pour les nageurs de haut niveau, mais il examine également un large éventail de compétitions et de niveaux d'âge différents. Le but de ce document est donc d'améliorer la qualité des données collectées et le développement de mesures préventives efficaces et individualisées. D'autre part, un document précédent (2008) s'était avéré fiable dans la surveillance des blessures pour les événements uni-sport et multisports, ainsi, son utilisation permettait de comparer les résultats entre les différentes études sur la natation. Depuis les dernières revues de littérature, plusieurs études épidémiologiques ont été publiées dans le domaine de la natation en club ainsi que dans les championnats internationaux, ce qui pourrait améliorer la qualité des informations existantes. Par conséquent, il est important de vérifier si la surveillance des blessures pour les événements uni-sport et multisports et les directives pour la natation établies pour la collecte des données ont été suivies afin de répondre aux suggestions établies par Gaunt. Ce faisant, il sera possible de respecter rigoureusement la première étape des lignes directrices visant à élaborer des programmes de prévention efficaces pour les nageurs.
Par conséquent, les objectifs de cette étude, proposée en synthèse traduction, étaient d'effectuer un examen systématique afin de mettre à jour les preuves scientifiques sur l'incidence et la prévalence des blessures dans la discipline de la natation, ainsi que sur le lieu, le type et le mécanisme des blessures ; et d'évaluer si les études répondent aux recommandations méthodologiques pour la collecte de données et la surveillance des blessures.

Méthode

Stratégie de recherche

Les études potentielles ont été identifiées par des processus de recherche combinés, clairement planifiés et ordonnés. Tout d'abord, les bases de données bibliographiques suivantes ont été consultées : PubMed et Sportdiscus avec les termes de recherche suivants inclus dans les stratégies de recherche booléennes : (swim* [tiab] OR aquatic [tiab]) AND (injury [tiab] OR incidence [tiab] OR prevalence [tiab] OR epidemiology [tiab]) ou en espagnol (natación [tiab] OR acuático [tiab]) AND (lesión [tiab] OR incidencia [tiab] OR prevalencia [tiab] OR epidemiología [tiab]). En utilisant les critères de filtrage des bases de données respectives, la recherche a été limitée aux dates de publication (du 01/01/2010 au 31/03/2020), aux espèces (humaines), et aux langues anglaise et espagnole. Enfin, les listes de référence des études retrouvées ont été fouillées à la main pour identifier les études potentiellement éligibles non saisies par les recherches électroniques.
Deux évaluateurs indépendants (A.T. et H.G-G.) : a) ont examiné le titre et le résumé de chaque référence afin de trouver des études potentiellement pertinentes, et une fois les documents examinés, ont obtenu des copies papier ; b) les ont examinés en détail afin d'identifier les articles qui répondaient aux critères de sélection. Un troisième évaluateur externe (A.L-V.) a été consulté pour résoudre les divergences entre les évaluateurs dans la sélection des études.

Sélection des études

Pour être incluses dans l'examen systématique, les études devaient remplir les critères suivants :

1) les études devaient faire état du taux d'incidence ou de la prévalence des blessures chez les nageurs
2) les nageurs devaient être adultes ou pratiquer la natation à un niveau élevé
3) les études préventives devaient fournir un groupe de contrôle à inclure dans cette revue 4) les études devaient être publiées dans une revue à comité de lecture
5) elles devaient être rédigées en anglais ou en espagnol.
Les revues de littérature, les résumés, les commentaires éditoriaux et les lettres aux rédacteurs en chef ont été exclus. Enfin, certains auteurs ont été contactés pour fournir des données manquantes. En outre, les données incomplètes, ou les données provenant d'une étude déjà incluse, ont été exclues.

Évaluation de la qualité

2 examinateurs ont évalué indépendamment la qualité des rapports des études incluses en utilisant une version adaptée de la déclaration "Strengthening the Reporting of Observational Studies in Epidemiology" (STROBE). Toutes les études incluses ont été évaluées sur la base de 11 critères spécifiques, qui étaient dérivés de plusieurs items de l’échelle STROBE originale. L'échelle STROBE a été considérée comme un point de départ approprié pour évaluer la qualité des études d'observation. Cette liste de contrôle en 11 points fournit des orientations sur la présentation des études d'observation afin de faciliter l'évaluation critique et l'interprétation des résultats.

Résultats

Après le processus de recherche :

  • 805 articles ont été supprimés pour cause de double emploi ou parce qu'ils ne répondaient pas aux critères d'inclusion fondés sur l'examen du titre et du résumé. è Les 59 articles restants ont été sélectionnés pour leur examen complet.
  • Enfin, 45 articles ont été exclus parce qu'ils ne répondaient pas à certains des critères d'inclusion établis.
  • 14 articles ont donc été inclus dans la présente revue de littérature.


Caractéristiques descriptives des études

  • Les études sélectionnées ont été réalisées entre 2010 et 2019.
  • 3 études ont été réalisées aux USA, 2 au Japon, 1 au Brésil, 1 en Finlande, 1 au Danemark, 4 pendant les championnats du monde, et 2 pendant les Jeux olympiques.
  • La taille totale de l'échantillon était supérieure à 6 000 nageurs.
  • 13/14 études comprenaient à la fois des hommes et des femmes, et une seule étude ne portait que sur des nageuses.
  • 12 études ont fourni des informations sur la localisation des blessures.
  • 8 études ont fourni des informations sur le type de blessures.
  • 1 étude n'a étudié que la prévalence des blessures de la colonne vertébrale et des lombaires.


Qualité des études sélectionnées


  • En ce qui concerne la qualité des rapports des études, la note moyenne obtenue avec l'échelle de qualité STROBE était de 7 (minimum : 5, maximum : 9), ce qui montre une grande qualité et un faible biais dans la plupart des études incluses dans l'examen. 
  • En outre, il est tout à fait pertinent de montrer que cinq études ont fourni des données rétrospectives. Il a été supposé que les études rétrospectives étaient plus biaisées, car les opérations de l'étude, les données collectées, la saisie des données et l'assurance de la qualité des données n'ont pas été planifiées à l'avance, ce qui a pu entraîner la perte de certaines données.
  • Les données détaillées sont présentées dans le tableau 2, ci-dessous.
Incidence des blessures

Seules six études ont inclus des valeurs d'incidence dans leurs recherches. Néanmoins, presque toutes les études présentaient une valeur différente.

  • Chase et ses collaborateurs ont révélé que les nageurs universitaires subissent 3,04 blessures/1000 heures d'exposition ou 5,55 blessures pour 1000 athlètes exposés (AE), l'incidence étant plus importante chez les femmes que chez les hommes (3,32 blessures/1000 heures d'exposition ou 6,06 blessures 1000 AE contre 2,74 blessures/1000 heures d'exposition ou 4,97 blessures 1000 AE, respectivement).
  • Ristololainen et ses collaborateurs ont trouvé des valeurs d'incidence plus faibles que celles de Chase chez les nageurs d'élite avec 2,6 blessures/1000 heures d'exposition.
  • Kerr et ses collaborateurs ont également montré une incidence plus faible chez les nageurs universitaires, tant chez les femmes (1,48 blessures/1000 AE) que chez les hommes (1,63 blessures/1000 AE).
  • Mountjoy et ses collaborateurs ont fait état d'une incidence dans les championnats du monde avec des valeurs de 31,9 blessures/1000 athlètes et 6,1 blessures pour 100 athlètes inscrits, respectivement.
  • Dijkstra et ses collaborateurs ont, eux, révélé une incidence beaucoup plus faible dans un championnat du monde en piscine de 25 m (3,5 blessures pour 100 athlètes inscrits).
  • Lors du championnat du monde de 2009, comme dans le reste des études, l'incidence était plus élevée chez les femmes (34,8 blessures pour 1000 athlètes) que chez les hommes (21,8 blessures pour 1000 athlètes).

Localisation de la blessure

Toutes les études ont fourni des informations sur la localisation des blessures, à l'exception de celle de Folkvardsen. La plupart des études ont souligné que les blessures à l'épaule ou à l'épaule/clavicule étaient le lieu de blessure le plus fréquent chez les nageurs, à l'exception de deux études. Ces études ont montré que la localisation la plus fréquente des blessures était la zone lombaire, suivi par les blessures aux épaules, bien que Nagano et ses collaborateurs n'aient inclus que les blessures liées à la surutilisation. En ce sens, toutes les études ont inclus le dos/les lombaires - le dos/le haut du dos - le dos/le tronc (différentes classifications méthodologiques) comme l'une des blessures les plus fréquentes chez les nageurs.

D'autre part, la plupart des études sur les championnats du monde et les jeux olympiques ont révélé que les blessures au poignet et à la main étaient très fréquentes lors de ces compétitions.

En ce qui concerne les membres inférieurs, le genou et la cheville sont les régions les plus touchées par les blessures chez les nageurs.

En comparant les blessures selon le sexe, seules quatre études ont établi une différence entre les nageurs et les nageuses. Les blessures aux épaules étaient les plus fréquentes chez les hommes et les femmes dans toutes les études. Les blessures à la colonne vertébrale, au tronc et au dos arrivent en deuxième position dans une étude, tant chez les hommes que chez les femmes, et aussi dans l'échantillon masculin de Chase, alors que dans son échantillon féminin, les blessures aux chevilles et aux genoux sont plus fréquentes que les blessures au dos. Par ailleurs, De Almeida et ses collaborateurs ont constaté que le genou était la deuxième région la plus touchée par les blessures, tant chez les hommes que chez les femmes, suivie du bas du dos et de la cheville/du pied, respectivement. Enfin, une étude a classé les blessures au bas du dos chez les nageurs d'élite par niveau de la colonne vertébrale, et la région L5-S1 a été la plus touchée (plus de 30 % des blessures), suivie par la région L4-L5 (25,3 %), L1-L2 (19,8 %) et L2-L3/L3-L4 (15,4 % chacun).

Type de blessure

7 études ont analysé le type de blessures subies par les nageurs. Les entorses et/ou les tendinopathies semblent être les blessures les plus courantes chez les nageurs. Cependant, cette affirmation doit être analysée avec prudence en raison des différentes classifications utilisées dans chaque étude. En outre, les contusions ont également montré une prévalence élevée (6 %-17,4 %) dans toutes les études incluses. Par exemple, Chase et Kerr ont constaté que les lésions musculaires et les tendinopathies étaient le type de blessure le plus courant chez les nageurs universitaires, suivi par les blessures ligamentaires.
En ce qui concerne les championnats internationaux, Mountjoy et ses collaborateurs ont combiné les blessures musculaires et ligamentaires comme étant le type de blessure le plus courant (33%), il ne peut donc pas être comparé de la même manière à d'autres études. Engebretsen et ses collaborateurs ont montré que plus de 20 % des blessures étaient des microtraumatismes suivis de blessure ligamentaire (16 %) et de tendon (12 %), comme Mountjoy qui a enregistré 18,5 % de blessure aux tendons, suivis des blessures ligamentaires (12,3 %) et musculaires (6,2 %). Soligard et ses collaborateurs ont montré, lors des Jeux Olympiques de 2016, que les blessures ligamentaires étaient plus fréquentes (26,1 %) que les blessures tendineuses (17,4 %). Enfin, Folkvardsen et ses collaborateurs ont fourni des informations sur le type de blessures des lombaires. La dégénérescence discale (52,7 %) était le type de blessure le plus fréquent, suivie des bombements (26,4 %) et des hernies (20,9 %) chez les nageurs d'élite.

Mécanisme des blessures

Cinq études ont montré que les blessures liées à la surutilisation étaient plus fréquentes que les blessures de contact/traumatiques, tandis qu'une étude a révélé une plus grande prévalence des blessures traumatiques. Cependant, les blessures traumatiques étaient plus fréquentes que les blessures de surutilisation dans les échantillons masculins de deux études. En ce qui concerne les différences entre les sexes, les blessures liées à la surutilisation étaient plus fréquentes chez les femmes dans deux études.

Gravité des blessures

Une seule étude a inclus dans ses travaux une classification de la gravité, mesurée par la durée du temps nécessaire à la guérison. Dans l'étude de Ristolainen, les blessures mineures (> 1 semaine) étaient les plus fréquentes (63,5 %), tant chez les hommes que chez les femmes. En outre, les blessures majeures (> 3 semaines) présentaient un faible pourcentage de prévalence (11,5 %).

Blessures par type de nage

Une étude a fourni des informations sur les blessures par type de nage. Les hommes et les femmes ont subi davantage de blessures (>45%) lorsque les quatre nages (papillon, dos, brasse et nage libre) ont été combinées dans le 4 nages individuel pendant l'entraînement et/ou la compétition.
La nage avec le plus de blessures chez les hommes est la nage papillon, suivie de la nage libre, du dos et de la brasse. Chez les femmes, le dos était plus fréquent que chez les hommes, suivi du papillon et de la brasse avec la même prévalence que chez les hommes, et de la nage libre avec une prévalence plus faible que chez les hommes.

Discussion

La principale conclusion de cette revue de littérature est qu'à ce jour, les recommandations méthodologiques pour la collecte de données et la surveillance des blessures dans la natation ne sont pas suivies. Seules 6 études ont inclus ces méthodologies dans leurs recherches. Dans l'ensemble, plusieurs définitions de la blessure ou de la douleur, et différentes classifications de l'emplacement, du type, du mécanisme et de la gravité des blessures sont utilisées, ainsi que les valeurs d'incidence fournies (1000 heures d'exposition/100 athlètes, 10 000 athlètes, blessures/athlète, départs de compétition, ...). Par conséquent, ce manque de lignes directrices en matière de méthodologie a empêché de comparer tous ces résultats pour établir des mesures préventives en fonction de la catégorie, de l'âge, du sexe, du coup de natation et/ou du niveau, qui pourraient permettre de réduire le nombre et la gravité des blessures les plus fréquentes dans la natation.

Deuxièmement, les blessures à l'épaule, au dos et au genou sont les principaux lieux de blessures. En ce qui concerne le type de blessure, il semble que les blessures de surutilisation du muscle/tendon soient les plus fréquentes.

Incidence des blessures

L'incidence des blessures (2,6-3,0 blessures pour 1000 heures d'exposition / 1,5 5,5 blessures pour 1000 AE / 3,2-6,1 pour 100 athlètes inscrits) montre que la natation est un sport présentant un risque de blessure relativement faible par rapport à d'autres sports impliquant fortement le haut du corps. Ceci est principalement dû aux caractéristiques de l'environnement dans lequel le sport se déroule, sans impact, sans interférence avec d'autres rivaux ou coéquipiers et sans aucun instrument, ce qui réduit considérablement la probabilité de blessure. L'incidence des blessures semble être plus élevée en compétition qu'à l'entraînement, bien que la prévalence soit beaucoup plus élevée à l'entraînement. Cependant, la pression à laquelle les athlètes sont exposés pendant la compétition, l'intensité et la surcharge d’épreuves de compétition, et le temps de récupération limité entre les épreuves augmentent considérablement le risque de blessure. Un pourcentage élevé des études incluses dans cette revue indique une incidence plus élevée de blessures chez les femmes nageuses que chez les hommes. Cela peut être dû à des différences anatomiques, biomécaniques, physiologiques et psychologiques par rapport aux hommes. Par exemple, la longueur plus courte des bras et des jambes chez les femmes oblige à effectuer un plus grand nombre de mouvements à la même distance, ce qui génère une plus grande contrainte sur les articulations. De même, les niveaux de force plus faibles chez les femmes, ainsi que les différences énergétiques observées dans la compétition entre les sexes, pourraient générer une plus grande fatigue chez les femmes et donc un risque accru de blessures. Cependant, la rareté des études qui analysent l'influence des différents facteurs de risque selon le sexe rend difficile de tirer des conclusions plus fermes. D'où l'importance de mener des études spécifiques afin d'établir des programmes de prévention visant à des femmes et des hommes individuellement.

Localisation des blessures
En ce qui concerne la localisation des blessures, et conformément aux examens précédents, l'épaule est la région du corps la plus touchée par les blessures, en supposant qu'elle représente entre 16 et 76% de toutes les blessures. Le principal facteur de risque des blessures à l'épaule est le mouvement cyclique répétitif de l'articulation gléno-humérale, avec une corrélation positive avec le temps et la distance d'entraînement. De même, ces mouvements répétitifs et continus génèrent une grande fatigue et des frictions entre les différentes structures de l'articulation qui entraînent une inflammation et des douleurs. Il convient également de noter les antécédents cliniques de douleur, une limitation de l'amplitude des mouvements, une laxité excessive de l'épaule et/ou une dominance unilatérale/bilatérale comme facteurs déterminants de la blessure. La prévalence de l'épaule varie légèrement selon le sexe (hommes : 23,8-50,6% et femmes : 33,3%-41,3%), étant légèrement plus élevée chez les hommes dans la plupart des études. Bien que les femmes aient une taille moyenne plus basse et une nage plus courte, il est probable qu'un développement musculaire plus important chez les hommes et une biomécanique modifiée chez les femmes augmentent le risque de blessure à l'épaule chez les hommes. Quant aux blessures au genou, la deuxième région du corps la plus blessée (3,1-17,7 %), elles sont principalement causées par la surutilisation. De même, il convient de noter que les nageurs de brasse ont un plus grand nombre de blessures au genou que les autres nageurs et que jusqu'à 75 % des nageurs de brasse déclarent avoir ressenti des douleurs médiales au genou tout au long de leur carrière. La répétition de certains gestes techniques tels que le coup de pied lors de la brasse, la fréquence et l'intensité technique du coup de pied, un schéma de propulsion différent, la décompensation de l'angle du coup de pied, un déséquilibre mécanique de l'articulation ou le degré de flexion lors de la poussée au mur, affecteraient le schéma de mouvement du genou et augmenteraient le risque de blessure et de douleur. De même, il a été prouvé qu'une augmentation de l'angle Q est liée à la douleur du genou. D'où l'importance d'enseigner la technique de poussée et de savoir comment détecter les éventuelles irrégularités de propulsion au niveau biomécanique chez les nageurs. En ce qui concerne les différences entre les sexes, il n'y a pas de tendance claire dans cette étude. En outre, la zone lombaire est considérée comme une région à haut risque de blessure chez les nageurs, montrant une plus grande prévalence lors de la nage papillon (33-50 % des blessures du dos). Toutes les nages en compétition exigent que la colonne lombaire soit maintenue en hyper extension afin d'obtenir une position corporelle profilée tout en effectuant des rotations du tronc, ce qui peut générer une charge excessive sur la zone lombaire. Cette douleur est directement liée à l'intensité, à la durée et à la distance de l'entraînement, à la technique des mouvements ondulatoires et à l'utilisation de matériel additionnel, à la position de la région cervicale et de la tête pendant la respiration, ainsi qu'aux "virages à l'envers" typiques des changements de direction. Conformément aux études précédentes, les disques vertébraux inférieurs (L4-L5-S1) sont plus affectés par la natation. Le fait que les disques vertébraux inférieurs soient les structures les plus porteuses et qu'ils constituent l'axe de rotation pendant la natation, pourrait expliquer cette incidence élevée par rapport aux autres zones vertébrales. Par conséquent, l'enseignement, la correction et le maintien d'une bonne technique de natation, ainsi que le renforcement de la zone du complexe lombo-pelvien, pourraient contribuer à réduire le risque de blessure et de douleur de la zone lombaire chez les nageurs. Contrairement aux blessures aux épaules et aux genoux, il semble évident que les blessures des lombaires sont plus fréquentes chez les hommes. Une plus grande poussée hydrostatique et moins de force de coulée chez les femmes, qui réduiraient l'hyper-extension de la zone lombaire, le pourcentage plus élevé de graisse et la part plus faible de poids corporel relatif du tronc, ainsi qu’une plus grande résistance des extenseurs du tronc qui contribuerait à réduire la résistance à l'eau, réduisent le risque de blessure lombaire chez les femmes.
L'enseignement, la correction et le maintien d'une bonne technique de natation, ainsi que le renforcement de la zone du complexe lombo-pelvien, pourraient contribuer à réduire le risque de blessure et de douleur de la zone lombaire chez les nageurs.
Type de blessure

Le type de blessure le plus fréquent chez les nageurs, l’unité muscle/tendon, est étroitement associé à la localisation et au mécanisme des blessures mentionnées précédemment, car elles apparaissent principalement en raison de mouvements répétitifs dans les zones articulaires telles que l'épaule, le genou, les articulations intervertébrales et la hanche. Par exemple, le mouvement cyclique du bras lors de la nage génère une certaine détérioration de l'épaule qui pourrait déstabiliser le placement du bras et de la main, entraînant l'impaction du supra épineux et de la longue tête du biceps. De même, le choc sous-acromial ou intra articulaire généré à la fin de la phase de récupération aérienne de la nage et pendant la phase sous-marine est également courant. D'autre part, le mouvement répétitif du coup de pied, en particulier dans la brasse, provoque une grande tension ligamentaire de l'articulation du genou. En outre, il a été souligné dans une étude précédente qu'un grand nombre de pathologies du genou sont associées à des traumatismes, tels que : entorse du ligament collatéral médial, SFP, tendinopathie rotulienne et/ou lésions des muscles adducteurs long et court. Toutes ces pathologies mentionnées précédemment sont le résultat d'un valgus du genou pendant le coup de pied de la brasse, des angles bas d'abduction de la hanche dans le coup de pied et/ou des contractions répétitives du quadriceps, associées au battement et aux coups de pied de dauphin, et de la pression de contact de l'articulation fémoro-patellaire pendant la poussée et le départ du mur. En ce qui concerne le bas du dos, la littérature fait davantage référence à des sous-types de troubles spinaux tels que la scoliose, l'hyperlordose, l'hypercyphose, qu'à des blessures plus spécifiques comme la spondylolyse, le spondylolisthésis, le lumbago et/ou la lombosciatique. La nécessité de maintenir une position aussi aérodynamique que possible grâce à l'hyper extension, associée à la rotation constante du tronc, génère une grande surcharge dans la région lombaire qui pourrait entraîner différentes pathologies des tendons, ligaments ou muscles. Cette position dégénère en pathologies du disque intervertébral, en bombements et hernies, ainsi qu'en inflammations articulaires.
Sévérité des blessures
Une étude incluse dans cette revue a fourni des informations sur la gravité des blessures, qui montrent que les blessures sont principalement de courte durée (< 7 jours). Le fait qu'un pourcentage élevé de blessures soit dû à une surutilisation et non à un traumatisme comme indiqué dans les études précédentes, pourrait accélérer la guérison car ces blessures ne nécessitent que du repos dans certains cas. Les blessures telles que les fractures, les ruptures ou les déchirures musculaires, qui nécessitent de longues périodes de récupération, sont rares en natation, de sorte que la plupart des blessures de natation permettent de reprendre la pratique en peu de temps.
Blessures par type de nage
Malheureusement, seule une étude de cette revue a fait état de blessures dues à des types de nage. Les nageurs 4 nages ont une prévalence beaucoup plus élevée de blessures chez les deux sexes, de sorte que la combinaison de plusieurs nages impliquant des techniques de natation différentes pourrait augmenter le risque de blessure en raison de changements biomécaniques brusques, ainsi que la combinaison des facteurs de risque de chaque nage. En ce qui concerne les différents types de nage, la nage papillon et surtout la nage sur le dos sont celles qui présentent la plus forte prévalence de blessures. Cela pourrait être dû au fait que ces attaques, en particulier celles du papillon, nécessitent des positions d'hyper extension de la colonne vertébrale et des mouvements d'hyper extension et d'abduction du bras. Si l'on combine ces facteurs de risque avec des amplitudes de mouvement limitées chez certains nageurs, on obtient une combinaison d'actions potentiellement risquées.
LIMITES
La principale limite de cette revue de littérature est que les différentes méthodologies utilisées dans les définitions des blessures, la collecte de données et la surveillance des blessures n'ont pas permis une comparaison directe entre les études. De même, peu d'études ont fourni des informations pertinentes concernant la gravité, le type de nage, le mécanisme de la blessure et/ou le groupe d'âge. Cela peut diminuer la validité et la fiabilité lorsqu'il s'agit de mener des programmes de prévention efficaces et individualisés. Enfin, il est important de souligner que les études comparant et expliquant les différents modèles de risque selon le sexe sont minimes alors qu’il existe des preuves des différences anatomiques, biomécaniques et physiologiques entre les sexes.

Conclusion

Les dernières études épidémiologiques sur la natation montrent une forte prévalence de blessures musculaires/tendineuses de courte durée à l'épaule, au genou et au bas du dos chez les nageurs adultes.
è Les études susmentionnées n'ont pas fourni suffisamment d'informations sur le type de blessure en raison des limites méthodologiques.
è Cette étude identifie les limites actuelles dans la compréhension des types de blessures et des facteurs de risque. Les études futures devraient suivre les recommandations des lignes directrices en matière de collecte de données et de surveillance des blessures dans la natation. Les critères devraient inclure l'emplacement anatomique, le type (aigu, surutilisation ou traumatisme) et la gravité des blessures. Les détails sur la population étudiée doivent toujours inclure le sexe, le niveau, le groupe d'âge et le type de nage.
è Ces pratiques communes de communication des données permettraient d'élaborer des programmes de prévention des blessures spécifiques à la nage principale de chaque nageur et pourraient réduire le risque des blessures les plus fréquentes.

Bibliographie 

Updated review of epidemiology of swimming injuries
Short title: Epidemiology of swimming injuries
Alfonso Trinidad, Higinio González-Garcia, Alejandro López-Valenciano
Revue de littérature réalisée en Espagne, parue en ligne le 03/10/2020. PMID: 33010194. DOI: 10.1002/pmrj.12503