Avis du pôle scientifique de Kinesport
Pastille verte
Pastille verte
Cette mise à jour d’une revue systématique est un article à faible risque de biais, tous les critères méthodologiques majeurs sont respectés permettant de limiter et contrôler au mieux les biais dans leur étude.
En 2018, une revue exhaustive sur les facteurs de risques et les mesures de prévention des blessures à l’épaule dans les sports overhead a été publiée, mais aucune étude de haute qualité n’avait pu y être inclue. Depuis 3 ans de nombreuses études sont sorties et une mise à jour est nécessaire. Cette revue systématique a donc pour but de mettre à jour les connaissances sur les pathologies d’épaule dans les sports overhead, en mettant l’accent sur la qualité méthodologique.
Méthode
Cette revue systémique inclut 9 études, 7 portants sur les facteurs de risques et 2 portants sur les programmes de prévention. Parmi ces 9 études, 6 présentaient une méthodologie de qualité haute et acceptable et 3 études présentaient une méthodologie qualifiée d’acceptable.
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Essais contrôlés randomisés ou étude de cohorte publiés en anglais
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Groupe d’au moins 20 sujets incluant différents sexe, âge et niveaux de jeux
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Étude concernant le badminton, baseball, cricket, handball, volleyball, lacrosse, softball, tennis et water-polo
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Blessure ou douleur à l’épaule comme variable dépendante
La recherche de littérature a été effectuée sur PubMed, Google Scholar, Cochrane et SPORT-Discuss et a seulement inclut les études publiées entre le 15 Mai 2017 et le 31 Décembre 2020.
Sur les 3057 études trouvées, 25 remplissaient les critères d’inclusions et ont été évaluées sur le risque de biais qu’elles pouvaient présenter. Au final, 9 études ont été incluses ; 8 présentaient un risque de biais qualifié de « acceptable » et une étude a été qualifiée de « haute qualité ».
La validité interne des études a été évaluée sur 15 critères pour les cohortes / cas-contrôle et sur 10 critères pour les essais contrôlés randomisés. Seuls les articles qualifiés de « haute qualité » et de « acceptable » ont été inclus. Une synthèse des meilleures preuves a été réalisée afin de clarifier les preuves et les observations sur les facteurs de risques et les mesures de prévention.
Sur les 3057 études trouvées, 25 remplissaient les critères d’inclusions et ont été évaluées sur le risque de biais qu’elles pouvaient présenter. Au final, 9 études ont été incluses ; 8 présentaient un risque de biais qualifié de « acceptable » et une étude a été qualifiée de « haute qualité ».
4 de ces études portaient sur le baseball, 3 sur le handball, une sur le softball et une sur le waterpolo. 5 études incluaient les deux sexes, une étude concernait les hommes et 3 études ne précisaient pas le sexe des sujets inclus. 6 études concernaient les jeunes athlètes, 2 les athlètes adultes professionnels et une les adultes semi-professionnels. Enfin, 7 cohortes étudiaient les facteurs de risques et 2 essais contrôlés randomisés portaient sur les mesures de prévention.
Résultats
Synthèse sur les facteurs de risque
Les facteurs de risques les plus abordés dans les études étaient le poste du joueur (4 études), la différence entre match vs entraînement (3 études), le sexe (3 études) ainsi que l’amplitude de rotation de l’épaule (2 études).
Une seule étude chez de jeunes joueurs de baseball a étudié d’autres facteurs de risques. La conclusion des auteurs est que des antécédents de douleur à l’épaule et/ou au coude et un volume d’entraînement hebdomadaire trop faible étaient corrélés à un risque de blessure à l’épaule. Enfin, une étude sur la même cohorte a conclu que des déficits de force isométrique en rotation externe et interne étaient associés à un risque de blessure accrue chez les femmes, alors que les hommes avaient un risque de blessure plus important s’ils présentaient une dyskinésie scapulaire lors de l’abduction d’épaule.
Concernant le poste du joueur, une étude chez les jeunes handballeurs a conclu que les arrières avaient plus de risques de se blesser au niveau de l’épaule que les autres postes. Deux études chez les lycéens pratiquant le baseball et le softball ont conclu que les lanceurs étaient les postes les plus à risque, et une étude chez les jeunes joueurs de baseball a déterminé les postes de lanceurs et receveurs comme les plus pourvoyeurs de pathologie d’épaule.
Concernant la différence entre match et entraînement, deux études sur les lycéens pratiquant le baseball et le softball ont montré une plus grande incidence des blessures à l’épaule lors des matchs. À l’inverse, une étude sur les adultes semi-professionnels en water-polo a montré une plus grande fréquence de ces blessures lors des entraînements.
Concernant l’incidence du sexe sur les pathologies d’épaule, deux études chez les jeunes handballeurs ont conclu à un risque plus élevé chez les femmes, alors que d’autres études sur les adultes n’ont pas trouvé de différences significatives entre les deux sexes.
Enfin, le déficit d’amplitude en rotation (interne et externe) de l’épaule n’était pas corrélé avec un risque de blessure plus élevé chez les adolescents handballeurs ainsi que chez les lanceurs professionnels en baseball. En revanche, chez ces derniers, une association a été trouvée entre la diminution de rotation externe de l’épaule et le risque de blessure.
Une seule étude chez de jeunes joueurs de baseball a étudié d’autres facteurs de risques. La conclusion des auteurs est que des antécédents de douleur à l’épaule et/ou au coude et un volume d’entraînement hebdomadaire trop faible étaient corrélés à un risque de blessure à l’épaule. Enfin, une étude sur la même cohorte a conclu que des déficits de force isométrique en rotation externe et interne étaient associés à un risque de blessure accrue chez les femmes, alors que les hommes avaient un risque de blessure plus important s’ils présentaient une dyskinésie scapulaire lors de l’abduction d’épaule.
Synthèse sur les mesures de prévention
Les deux essais contrôlés randomisés ont mis en place un protocole de prévention sous le même format : un groupe intervention qui devait réaliser 10 minutes d’exercices spécifiques lors de l’échauffement et un groupe contrôle.
La première étude a mis en place un programme d’exercices visant à améliorer la force en rotation interne et externe de l’épaule, la force des muscles de la scapula et de toute la chaîne cinétique, ainsi qu’un travail de la mobilité thoracique. Le programme a été suivi à raison de 3 fois par semaine pendant 7 mois par des handballeurs (hommes et femmes) professionnels.
La deuxième étude a proposé à des jeunes joueurs de baseball (hommes et femmes) un travail de stretching et mobilité de l’épaule, du coude, de la hanche et de la ceinture scapulaire, ainsi que des exercices de renforcement des membres inférieurs. Le protocole a été suivi au moins une fois par semaine pendant 12 mois.
La première étude a permis de diminuer le risque de subir une pathologie d’épaule de 28% mais n’a pas été efficace pour réduire les pathologies d’épaule modérées et sévères déjà présentes.
Le second programme de prévention a permis de réduire le nombre de blessures à l’épaule et au coude, sans pouvoir isoler ces pathologies. De nombreux autres effets ont aussi été observés : amélioration de la vitesse de lancement de la balle, de l’amplitude en adduction horizontale d’épaule côté dominant, de l’amplitude en rotation interne de hanche du côté non-dominant et de l’angle de cyphose thoracique.
Discussion
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Position du joueur - arrières au handball et lanceurs au baseball et au softball. Cela serait lié au plus grand nombre de lancers à haute vitesse à ces postes, ainsi qu’à la situation tactique, par exemple au handball lorsque les arrières sont stoppés avec une position du bras armé.
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Sexe - plus de facteurs de risques chez les femmes. Mit en lien avec une différence de biomécanique de lancer ainsi qu’une laxité globale plus importante.
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Force des muscles rotateurs d’épaule (surtout chez les femmes)
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Dyskinésie scapulaire (surtout chez les hommes) - ces deux facteurs auraient un impact sur la biomécanique de l’épaule, modifiant le geste de lancer. Ils seraient aussi un signe de faiblesse musculaire globale du complexe de l’épaule, de fatigue ou de déséquilibre, le tout entraînant une perturbation du contrôle neuromusculaire de l’épaule et amenant à un plus grand risque de blessure.
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Participation à un programme de prévention d’épaule - les deux programmes mis en place n’ont pas permis de diminuer uniquement le risque de blessure grave à l’épaule. En revanche les différents exercices mis en place 10 minutes pendant l’échauffement permettent de traiter positivement différents facteurs de risques modifiables sous-jacents et d’améliorer la performance physique, ce qui a un impact sur la diminution du risque de blessure.
Même si les effets à long terme de ce type de programmes ne sont pas connus, leur mise en place reste conseillée dû à leur absence d’effets négatifs sur les risques de blessures ainsi qu’à l’augmentation générale de la forme physique de l’athlète.
Conclusion
Cette revue systématique actualisée aura permis de compléter celle datant de 2018 concernant les facteurs de risques ainsi que l’effet des programmes de prévention sur les pathologies d’épaules dans les sports overhead. D’un point de vue pratique, les facteurs de risques modifiables identifiés pourraient être utilisés pour concevoir des tests de dépistage et des programmes de prévention pour les blessures à l’épaule. Cependant, la littérature présente encore peu d’études sur ces pathologies (en comparaison à d’autres blessures comme les ruptures du ligament croisé antérieur), et de nouvelles recherches devraient être faites afin d’apporter des réponses plus précises.
Référence article
Hoppe MW, Brochhagen J, Tischer T, Beitzel K, Seil R, Grim C. Risk factors and prevention strategies for shoulder injuries in overhead sports: an updated systematic review. J Exp Orthop. 2022 Aug 16;9(1):78. doi: 10.1186/s40634-022-00493-9. PMID: 35971013; PMCID: PMC9378805.
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