Efficacité des programmes d’intervention d’échauffement pour la prévention des blessures sportives chez les enfants et les adolescents : revue systématique et méta-analyse

Jul 11 / Kinesport

Introduction

La pratique d’un sport est l’un des principaux facteur de risque de blessure chez les enfants et adolescents, et une étude réalisée par l’OMS sur les enfants entre 11 et 15 ans a révélé que 21,8% des blessures étaient arrivées pendant la pratique sportive ou sur des terrains de jeu. Une autre étude a mis en lumière que la majorité des blessures étaient subies par des élèves de sexe masculin, âgés de 10 à 14 ans, avec pour principales causes les chutes et les traumatismes sportifs. Par conséquent, les programmes de prévention chez les enfants et adolescents sont importants pour diminuer les coûts personnels et sociaux associés au traitement et à la rééducation, maintenir une participation à une activité sportive, réduire la prévalence de l’obésité, promouvoir la santé cardiovasculaire et développer des compétences physiques.

Bien qu’il y ait eu de nombreux essais contrôlés randomisés sur les échauffements chez les enfants, les résultats ne sont encore pas uniformes. Certaines études ont montré que des exercices neuromusculaires pouvaient réduire les risques d’entorse de cheville, de blessures au genou, d’atteinte du ligament croisé antérieur et de blessures graves chez les adolescents.
Avis du pôle scientifique de Kinesport
Pastille verte
Cette revue systématique avec méta-analyse est un article à faible risque de biais, tous les critères méthodologiques majeurs sont respectés permettant de limiter et contrôler au mieux les biais dans leur étude.
Cependant, d’autres études ont montré le contraire ; qu’ils aient utilisé en échauffement des programmes d’étirements ou des programmes de renforcement incluant la stabilité du tronc, la force des membres inférieurs et le contrôle neuromusculaire, certaines recherches n’ont pas conclu à un intérêt de l’échauffement dans la prévention des blessures. Il est donc nécessaire d’analyser d’avantage les résultats de ces différentes recherches par le biais d’une méta-analyse.

L’objectif de cette étude est de déterminer l’efficacité des programmes d’intervention d’échauffement (WIP ; Warm-up Intervention Program) en les comparant à des échauffements habituels (course et étirements). Les WIP ont été définis comme une série d’exercices de force, d’équilibre, d’aérobie et d’étirements, effectués au début des séances de sport afin d’augmenter la température corporelle et de diminuer le risque de blessure. Les effets modérateurs des participants (âge, sexe, niveau sportif), du contexte (cadre et type de sport) ainsi que des variables et caractéristiques des WIP (contenu, adhésion) sur la réduction du risque de blessure ont été analysés. Ces résultats pourraient permettre de développer des programmes d’échauffement efficaces pour la prévention des blessures sportives chez les enfants et adolescents.

Méthode

La recherche systématique a été réalisée en décembre 2021 et est conforme, comme la méta-analyse, aux recommandations PRISMA. Les articles ont été extraits des bases de données PubMed, EMBASE, Web of Science, SPORT Discus et Cochrane.
Les critères de sélection étaient les suivants :
  • Contenir les données originales (article publié en texte intégral)
  • Étude des blessures sportives scolaires ou extra-scolaires
  • Évaluer l’efficacité d’un programme d’échauffement sur le risque de blessure
  • Inclure des participants âgés de 18 ans ou moins
  • Conception d’étude analytique (essais contrôlés randomisés)
  • Revue par des pairs
Pour la méta-analyse, le ratio du taux de blessure (IRR ; Injury rate Ratio) ainsi que son intervalle de confiance à 95% ont été utilisés comme mesure d’effet pour chaque étude. La formule du calcul était la suivante : IRR= (nombre de blessures dans le groupe d’intervention / heures d’exposition) / (nombre de blessures dans le groupe contrôle / heures d’exposition). 

Résultats

Sur un total de 2132 articles initialement trouvés et après l’application des critères d’exclusion ainsi que l’élimination des doublons, 15 études ont été retenues pour la méta-analyse. Ces études ont toutes été analysées comme de « haute qualité ». 3 études ont utilisé des participants masculins, 3 ont utilisé des participantes féminines et 9 études présentaient des échantillons mixtes. L’âge des participants allait de 7 ans à 18 ans. Concernant les types de sports, 11 études ont analysé l’effet de l’intervention sur un seul sport tel que le football, le basketball, le floorball et le handball, tandis que 4 études étaient sur plusieurs sports, comme l’éducation physique et la combinaison de différents sports. Trois contenus différents de programme d’échauffement ont été identifiés : échauffement complet (9 études), échauffement neuromusculaire (5 études) et échauffement d’équilibre (1 étude). La durée moyenne d’intervention était de 7,4 mois.

Programmes complets : ils étaient généralement composés du FIFA11, du FIFA11+ ou de programmes apparentés, comprenant des exercices d’aérobie, de force, de sauts et d’équilibre. Ils duraient en moyenne 15 à 20 minutes.

Programmes neuromusculaires : ils comprenaient généralement des exercices de force, d’équilibre, de mobilité, de souplesse, d’aérobie et de stabilité centrale. Leur durée moyenne était de 15 minutes.

Programmes d’équilibre : ils étaient composés d’exercices d’aérobie, de force, d’étirements dynamiques et d’exercices d’équilibre sur une seule jambe yeux ouverts / fermés, sur surface instable etc. Ils duraient en moyenne 10 à 15 minutes et les sujets devaient aussi réaliser des exercices d’équilibre sur planche d’une durée de 20 minutes à domicile.

L’échantillon final portait sur 21576 participants enfants ou adolescents, s’étendait sur une durée de 110,5 mois d’intervention avec un total de 3910 blessures. Comparé au groupe témoin, la mise en place de WIP a permis de réduire de façon significative les blessures sportives, d’environ 36%. En revanche, une grande variabilité de l’effet en fonction des études a été observée. Cela serait dû à l’hétérogénéité des programmes dans les études, d’où la nécessité d’une analyse en sous-groupe. Lors cette analyse, deux sous-groupes ont montré des différences de plus de 10% dans l’estimation de l’IRR : le sous-groupe observance (une plus grande observance des programmes d’intervention était associée à une diminution du taux de blessure) et le sous-groupe sexe (IRR plus faible chez les hommes que chez les femmes suite aux WIP). Le tableau suivant résume les réductions possibles du taux de blessure dans chaque sous-groupe en fonction des facteurs de modération.

Discussion

Lorsque les procédures de recherche systématique et de méta-analyse tenant compte du nombre d’heure d’exposition ont été appliquées, la diminution du risque de blessure après un WIP était de 36%, et de 30% après ajustement pour tenir compte des biais. La diminution du taux de blessure était similaire pour des personnes d’âges et de niveaux sportifs différents.

Les composantes des programmes d’échauffement des 15 études incluses étaient la force, l’aérobie, l’équilibre, les étirements, les compétences d’autoprotection ainsi que les mouvements spécifiques au sport. À l’exception d’une étude, des exercices de musculation ont été réalisés dans chaque WIP. Ils étaient principalement axés sur les membres inférieurs et la stabilité du tronc, avec des exercices tels que la planche, la planche latérale, le squat, le nordic hamstring, les fentes et les élévations de talon. 11 études ont inclus des exercices aérobies tels qu’un footing, de la course avec montées de genoux, de la course avec sauts, des pas chassés et divers exercices de saut. 4 études ont proposé des exercices d’équilibre dans l’objectif d’améliorer la proprioception et d’éviter le risque de chute. Ils comprenaient de l’équilibre sur une seule jambe, sur deux jambes sur plateforme oscillante et sur une seule jambe sur coussin de proprioception, l’ensemble associé à des mouvements sportifs tels que des lancers, des réceptions de balle ou encore des dribbles. 5 études ont adopté des étirements statiques et dynamiques et 5 autres études ont privilégié des mouvements spécifiques au sport en utilisant des programmes tels que le FIFA11+. Enfin, dans l’objectif de prévenir les blessures sportives accidentelles, 3 études ont inclus des exercices d’autoprotection dans leurs WIP.

Dans l’analyse des sous-groupes par âge, il a été constaté que l’effet des WIP était plus important chez les collégiens que chez les enfants en école primaire. Cela pourrait s’expliquer par un manque d’expérience des exercices chez des enfants plus jeunes mais aussi par un manque de conscience de l’importance de l’autoprotection au cours des exercices sportifs.

Dans l’analyse du sous-groupe par type d’intervention, les exercices neuromusculaires et d’équilibre étaient plus efficaces dans la réduction des blessures que les programmes complets. Dans ces derniers, les programmes ayant montré le plus d’efficacité étaient ceux intégrant le FIFA11+. Il faut aussi noter que les programmes ayant inclus des exercices augmentant l’intensité jusqu’à 75% de la fréquence cardiaque maximale ont permis d’améliorer la condition physique globale et de contrôler le poids des participants.

Enfin, les programmes réalisés en dehors du milieu scolaire ont eu plus d’efficacité sur la réduction de l’IRR que les programmes scolaires. Cela peut s’expliquer par la durée de l’échauffement, qui était d’environ 15 minutes dans le milieu scolaire ; il n’était pas possible d’inclure toutes les variétés d’exercices correspondants aux différents sports réalisés. A l’inverse, les programmes d’intervention non-scolaire, qui se concentraient sur un seul sport, pouvait plus facilement cibler les exercices. Les WIP portant sur un seul sport ont montré plus d’efficacité que ceux portant sur plusieurs sports. Cette différence pourrait aussi être dues au fait que les programmes non-scolaires portaient davantage sur des sportifs de haut niveau, qui ont une plus grande expérience de leur sport et des échauffements.

Comme l’ont montré les différentes études, les contenus efficaces des WIP sont structurés, multidimensionnels et mis en place de manière stable et de façon fréquente à long terme, ce qui permet de réduire le risque de blessures. Les résultats ont aussi montré comment faire des ajustements pratiques dans l’entrainement sportif et la compétition, ainsi que dans les exercices généraux. En général, les praticiens et les sportifs devraient recommander et mettre en œuvre des WIP dans le cadre de la prévention des blessures sportives.

Conclusion

Après avoir synthétisé les 15 essais contrôlés randomisés en grappe, l’IRR du groupe d’intervention était significativement inférieur à celui du groupe contrôle (ou du groupe « échauffement habituel »). Les WIP ont réduits de 36% de risque de blessure des membres supérieurs et inférieurs chez les enfants et adolescents. 

Référence article 

Ding L, Luo J, Smith DM, Mackey M, Fu H, Davis M, Hu Y. Effectiveness of Warm-Up Intervention Programs to Prevent Sports Injuries among Children and Adolescents: A Systematic Review and Meta-Analysis. Int J Environ Res Public Health. 2022 May 23;19(10):6336. doi: 10.3390/ijerph19106336. PMID: 35627873; PMCID: PMC9140806.
- PROCHAIN webinaIrE -  


INTÉGRATION DE LA DÉCÉLÉRATION EN RTP

Assister au webinar du 24 OCTOBRE
avec le scientist sport de MANCHESTER UNITED et Tom DOS SANTOS
- NOS WEBINAIRES -  REPLAY 


Re-voir le webinar sur la biomécanique

(RE-)Voir le webinar du 30 mai
avec le staff de
 L'ATLETICO DE MADRID
- Nos webinaIrEs -   REPLAY 


Lésion du Droit Fémoral

(RE-)Voir le webinar du 28 mars
avec le physio de l'équipe 1
du  FC BARCELONE .