Une revue systématique sur les blessures musculosquelettiques liées à la course à pied

May 27 / Kinesport
La course à pied est l'une des activités sportives les plus populaires et les plus accessibles au monde, et sa popularité n'a cessé de croître au cours des 50 dernières années. Le nombre de coureurs et d'événements de course à pied a considérablement augmenté au cours des dernières décennies car elle est peu coûteuse et peut être facilement pratiquée par un grand nombre de personnes avec un équipement minimal.

Malgré ses bienfaits sur la santé (augmentation de l’espérance de vie et diminution des facteurs de risques de maladies cardiovasculaires), les blessures musculosquelettiques liées à la course à pied (running-related musculoskeletal injuries – RRMIs) sont fréquentes chez les coureurs. Diverses études ont examiné la proportion de blessures chez les coureurs avec des taux d’incidence allant de 3,2% à 84,9%. Cette grande variation peut s’expliquer par les différences de conception des études, de définition des blessures, de caractéristiques des sujets et de périodes de suivi, qui peuvent toutes différer d’une étude à l’autre. 
Avis du pôle scientifique de Kinesport
Pastille verte
Cette revue systématique et critique de la littérature est un article à faible risque de biais, tous les critères méthodologiques majeurs sont respectés permettant de limiter et contrôler au mieux les biais dans leur étude. Les résultats d’incidence et de prévalence ne concernent que les coureurs marathoniens.
L’incidence et la prévalence sont fondamentalement différentes mais toutes deux sont importantes dans les études épidémiologiques :
  • L’incidence est l’indication du nombre d’occurrences de nouvelles blessures sportives : elle donne des informations sur le risque de se blesser et n’est généralement disponible que dans les études prospectives
  • La prévalence indique à quel point la blessure est répandue dans un échantillon de population et est généralement rapportée dans des études rétrospectives


En général, 50 % des coureurs subissent chaque année une blessure qui les empêche de courir pendant un certain temps, et 25 % des coureurs sont blessés à un moment donné. Environ 70 à 80% des troubles de la course à pied sont dus à des blessures de surmenage (overuse), impliquant principalement les sites anatomiques du genou, de la cheville/du pied et de la jambe. Francis et al. ont rapporté que le syndrome fémoro-patellaire était la blessure de surmenage la plus fréquente, tandis que Lopes et al. ont déclaré que le syndrome de stress tibial médial (« périostite ») était la RRMI la plus fréquente. Ces deux revues systématiques ont utilisé des approches méthodologiques différentes, ce qui pourrait être l'une des raisons pour lesquelles elles ne sont pas parvenues à la même conclusion.

Certaines études ont rapporté que les blessures aiguës sont rares pendant la course, tandis que d'autres études ont rapporté qu'elles sont très fréquentes et consistent principalement en des entorses de cheville et des blessures musculaires. Francis et al. ont constaté que les entorses de la cheville ne figuraient pas dans le top 10 des RRMIs les plus courantes ; cependant, Lopes et al. ont signalé que les entorses de cheville figuraient dans le top 5 des RRMIs les plus courantes. Cela pourrait être dû au fait que Lopes et al. se sont concentrés sur les études prospectives (incidence), alors que Francis et al. ont combiné le nombre de blessures dans tous les modèles d'étude (prévalence) pour identifier les RRMIs les plus courantes. Cela souligne à nouveau l'importance de différencier l'incidence (études prospectives) et la prévalence (études rétrospectives).

Des revues systématiques ont été menées pour identifier les RRMIs les plus fréquentes chez les coureurs ; cependant, les auteurs de ces revues ont utilisé des critères d'inclusion et d'exclusion stricts dans le but de minimiser la grande hétérogénéité des études examinées. Il en résulte qu'un nombre minimal d'études a été inclus dans l'analyse. Une revue systématique récente de Francis et al. ont utilisé des critères d'inclusion plus larges permettant l'inclusion de populations plus importantes (par exemple, les coureurs de trail et de cross-country) et une classification plus large des blessures. Cependant, Francis et al. ont rapporté la prévalence en combinant le nombre de blessures par région anatomique ou pathologie spécifique pour tous les schémas d'étude. Lopes et al. ont utilisé une approche différente dans laquelle l'incidence a été mesurée en extrayant les données d'incidence des blessures des études prospectives, l'analyse des nouvelles blessures, et les données de prévalence des études rétrospectives et transversales où les coureurs ont signalé leurs antécédents de blessures.

Cette étude que nous vous présentons a donc utilisé la même approche que Lopes et al. mais avec des critères d’inclusion plus larges. Cette approche a permis d’inclure des populations plus importantes et peut fournir une compréhension plus complète des estimations d’incidence et de prévalence pour chaque RRMI.

 Par conséquent, l'objectif principal de cette revue était d'examiner systématiquement la littérature sur l'incidence et la prévalence des RRMIs par localisation anatomique et, si possible, par pathologie spécifique. Un objectif secondaire était de comparer les proportions d'incidence des blessures par localisation anatomique entre les ultramarathoniens et les non-ultramarathoniens.

Méthodes

 Stratégie de recherche

L’objectif de la stratégie de recherche était d’identifier les études qui rapportaient avec précision la proportion (incidence ou prévalence) des blessures musculosquelettiques liées à la course à pied (RRMIs) par localisation anatomique (par exemple pied, cheville, jambes) et/ou par pathologie spécifique (par exemple syndrome fémoro-patellaire). Une revue systématique de la littérature a été effectuée sur les bases de données de PubMed, SPORTDiscus et MEDLINE sans restriction de date de publication ou de langage. 

 Critères d’inclusion et d’exclusion 

Critères d’inclusion

  • Essais contrôlés randomisés (ECR) et études de cohortes prospectives pour les estimations d’incidence, études transversales et rétrospectives pour les estimations de prévalence 
  • Etudes dont les groupes de non-intervention et d’intervention ne comprenaient que des coureurs, ne modifiaient pas le volume de course et ne rapportaient pas de différence significative de RRMI entre les 2 groupes 
  • Etudes dont les sujets (indépendamment de l’âge) étaient des coureurs de trail ou de cross-country, des coureurs de moyenne ou longue distance ou des coureurs de semi-marathons, marathons et ultramarathons 
  • Etudes dont les sujets avaient des niveaux de compétence en course à pied allant de débutant à haut niveau 
  • Etudes qui ont rapporté des données quantitatives à partir desquelles il était possible d’extraire la proportion de chaque RRMI
  • Etudes qui ont rapporté la localisation anatomique des RRMIs
  • Etudes qui ont séparés les RRMIs des blessures similaires survenues en raison de la participation à des sports autres que la course à pied 
  • Etudes qui ont examiné les RRMIs pieds nus et chaussé mais qui ont rapporté ces blessures séparément

Critères d’exclusion 

  • Etudes dans lesquelles la course à pied n'était pas le sport principal ou études sur des sports dans lesquels des activités autres que la course à pied étaient également requises (par ex. biathlon, triathlon) 
  • Etudes incluant du personnel de service (par ex. recrues militaires, police, pompiers) 
  • Etudes dans lesquelles les sujets étaient des coureurs d’orientation, des coureurs de haies ou des sprinters 
  • Etudes combinant les emplacements anatomiques des RRMIs des membres inférieurs (par ex. pied/cheville) 
  • Etudes qui décrivent uniquement le type de blessure (par ex. entorse) sans indiquer clairement la pathologie de la blessure (par ex. entorse de la cheville) 
  • Etudes qui recrutent des participants présentant une pathologie spécifique (p. ex. tendinopathie d'Achille)
  • Publications multiples pour les études portant sur la même cohorte

 Evaluation de la qualité 

Les récentes revues systématiques qui ont évalué l’incidence et la prévalence des blessures liées à la course à pied ont utilisé différents outils pour évaluer le risque de biais (risk of bias – ROB). Dans cette revue, les auteurs ont utilisé la même méthode que Lopes et al. avec 10 critères (oui/non) où le score total de ROB est calculé pour chaque étude. 
Les critères s’évaluation du ROB étaient les suivants : 
  • Définition de l'RRMI (oui/non)
  • Etudes prospectives présentant des données d'incidence, ou rétrospectives et transversales présentant des données de prévalence (oui/non)
  • Description de la population ou du type de coureurs (oui/non)
  • Echantillonnage aléatoire utilisé (oui/non)
  • Analyse des données effectuée sur au moins 80 % de la population (oui/non)
  • Blessures autodéclarées par le coureur ou le professionnel de santé (oui/non)
  • Même mode de collecte des données (oui/non)
  • Diagnostic par un médecin (oui/non)
  • Période de suivi des études prospectives d'au moins 6 mois ou jusqu'à 12 mois pour la période de rappel des études rétrospectives (oui/non)
  • Taux d'incidence et de prévalence de chaque RRMI exprimés par le nombre de blessures et par l'exposition à la course à pied (oui/non)
  • Un score ≥ 5 était considéré comme un faible ROB.

 Extraction et analyse des données 

Les informations suivantes ont été extraites pour chaque étude : 
  • Auteur(s) et année de publication
  • Design de l'étude
  • Description de la population de coureurs et taille de l'échantillon utilisé
  • Période de temps
  • Définition de la RRMI
  • Localisation anatomique de la blessure (oui/non)
  • Type spécifique de blessure (oui/non)
  • Nombre de coureurs blessés 
  • Nombre de blessures totales
  • Incidence par localisation anatomique et, si possible, blessure spécifique
  • Prévalence par localisation anatomique et, si possible, blessure spécifique
Les régions anatomiques utilisées pour classer les blessures étaient les suivantes : « hanche » (articulation de la hanche/aine/bassin), « lombaires », « cuisse », « genou », « jambe » (tibia/mollet), « cheville », « pied et orteils » et « autre » (emplacement/diagnostic non clair, membre supérieur, haut du dos).

Les ultramarathoniens ont été analysés séparément des autres coureurs car toutes les études sur les ultramarathoniens ont été menées pendant des courses qui duraient entre 5,0 jours et 8,5 jours, et Lopes et al. ont montré qu’ils avaient des caractéristiques de blessures différentes de celles des autres coureurs.

Résultats

 Caractéristiques des études 

2256 articles ont été identifiés dans les 3 bases de données. Au final, 42 études (présentant des données sur les blessures musculosquelettiques liées à la course à pied (RRMIs) répondaient aux critères d’inclusion.
Designs des études
  • 24 études de cohortes prospectives 
  • 15 études rétrospectives 
  • 3 études transversales 
Types de coureurs
  • 5 études sur des coureurs de cross-country 
  • 1 études sur des traileurs 
  • 4 études sur des ultramarathoniens 
  • 5 études sur des marathoniens 
  • 3 études sur des semi-marathoniens 
  • La majorité des études ont été menées sur des coureurs de fond (longues distances) alors que les coureurs de demi-fond (distances moyennes) ont été étudiés dans 10 études
Niveau des coureurs
  • 5 études sur des débutants 
  • 16 études sur des coureurs occasionnels/récréatifs 
  • 5 études sur des coureurs amateurs 
  • 15 études sur des coureurs de compétition 
  • 7 études sur des coureurs de haut niveau 
Incidence et prévalence globales 
  • L'incidence globale des blessures était de 40,2% ± 18,8% (n = 18 études, 10 941 participants dont 3222 ont subi des RRMIs)
  • La prévalence globale des blessures était de 44,6 % ± 18,4 % (n = 31 études, 22 823 participants dont 7 671 ont subi des RRMIs) 

 Proportion des blessures par localisation anatomique 

Non-ultramarathoniens 
  • Prévalence
  • Les proportions de prévalence des blessures ont été calculées à partir de 12 563 blessures rapportées chez 9864 coureurs (n = 20 études) 
  • Le genou et la jambe représentaient plus de la moitié de toutes les blessures signalées (6443)
  • Les pied/orteils et la cheville représentaient la 3ème et la 4ème plus grande proportion de blessures 
  • Le nombre total de blessures survenues au niveau ou en dessous du genou était de 9922 (79%)
  • Les blessures classées dans la catégorie « autre » (localisation incertaine ou du haut du corps) représentaient 3.7% des blessures
  • Incidence
  • Les proportions d’incidence des blessures ont été calculées à partir de 3955 blessures rapportées chez 3286 coureurs (n = 19 études)
  • Les régions les plus souvent blessées étaient le genou suivi de la cheville, de la jambe et des pied/orteils : ces régions représentaient 75.3% de toutes les blessures, indiquant que la plupart des blessures survenaient au niveau ou en dessous du genou 
  • Les blessures classées dans la catégorie « autre » représentaient 2.7% des blessures
Ultramarathoniens 
  • Incidence
  • Les proportions d’incidence des blessures ont été calculées à partir de 139 blessures rapportées chez 67 coureurs (n = 4 études)
  • Les régions les plus souvent blessées étaient la cheville, le genou et la jambe, suivies de la cuisse, la hanche/aine, les pied/orteils et des lombaires
  • Les blessures classées dans la catégorie « autre » représentaient 1.4% des blessures
  • Les proportions d'incidence des blessures par localisation anatomique entre les ultramarathoniens et les non-ultramarathoniens n'étaient pas significativement différentes (p = 0,798).

 Proportion des blessures par pathologies spécifiques

Prévalence (non-ultramarathoniens) 
  • Les données de prévalence pour les pathologies spécifiques ont été calculées à partir de 10 640 blessures rapportées chez 9251 coureurs (n = 10 études) 
  • Le syndrome fémoro-patellaire (16,7 %) présentait la plus forte proportion de prévalence de RRMI, tandis que le syndrome de stress tibial médial / périostite tibiale (35,0 %) présentait le taux de prévalence le plus élevé rapporté dans ces études
  • Les RRMIs les plus fréquemment rapportés étaient le syndrome de douleur fémoro-patellaire et les fractures de fatigue
Incidence 
  • Les taux d’incidence pour les pathologies spécifiques ont été calculées à partir de 554 blessures rapportées chez 475 coureurs (n = 5 études) 
  • Les RRMIs les plus fréquentes étaient différentes entre les ultramarathoniens et les non-ultramarathoniens 
  •       La pathologie présentant la plus forte proportion de blessures était la tendinopathie d’Achille (10,3% avec une incidence allant de 7,1% à 15%) chez les non-ultramarathoniens alors que la tendinopathie du compartiment antérieur de la cheville (19,4% avec une incidence allant de 13,9 à 29,6%) représentait la plus forte proportion de blessures chez les ultramarathoniens
  •       Le plus haut taux de RRMI reporté dans les études a été trouvé pour la tendinopathie patellaire (22,7%) chez les non-ultramarathoniens alors qu’il a été retrouvé pour le syndrome fémoro-patellaire (41,7%) chez les ultramarathoniens 
  •       Les RRMIs les plus fréquemment rapportés étaient la tendinopathie d’Achille et la fasciite plantaire chez les non-ultramarathoniens tandis qu’il s’agissait de la tendinopathie du compartiment antérieur de cheville, le syndrome fémoro-patellaire et la tendinopathie d’Achille chez les ultramarathoniens

 Risque de biais (ROB)

Le ROB global des 42 études incluses était de 58,6% avec une fourchette allant de 3 à 8 sur 10. Au total, 7 articles ont reçu un score de ROB inférieur à 5 et ont été classés comme ayant un ROB élevé.

Les 2 critères les plus fréquemment non-présentés dans les études étaient :
  • Les RRMIs rapportés par un ratio exprimant le nombre de blessures et l’exposition à la course à pied
  • Le fait que l’examen ait été effectué par un médecin

Discussion

La littérature scientifique disponible était suffisante pour satisfaire les objectifs de cette revue systématique. En accord avec les précédentes revues systématiques, plus de 70% de toutes les blessures musculosquelettiques liées à la course à pied (RRMIs) étaient des blessures de surmenage (overuse).

La principale différence observée dans cette étude entre les données d'incidence et de prévalence pour chaque RRMI était que les entorses de cheville figuraient dans le top 5 des blessures les plus fréquentes dans les données d'incidence mais pas dans les données de prévalence. Kluitenberg et al. ont déclaré que les études prospectives avec des périodes de suivi sont plus susceptibles d'enregistrer un nombre plus élevé de blessures que les études rétrospectives avec des périodes de suivi similaires. Par conséquent, une raison plausible pour laquelle les entorses de la cheville n'étaient pas dans le top 5 des données de prévalence est que, dans la plupart des cas, les entorses de cheville ne sont pas considérées comme suffisamment sérieuses ou sévères et peuvent être oubliées par les coureurs dans les études rétrospectives où ils doivent rapporter leurs antécédents de blessures.

L'évaluation de la qualité des articles a montré un risque de biais (ROB) modéré dans l'ensemble, où 7 des 42 articles ont été classés comme ayant un ROB élevé. Bien que la plupart des études aient défini le terme "blessure", la définition varie considérablement d'une étude à l'autre, et il n'y a toujours pas d'accord sur la définition la plus appropriée pour une RRMI. L'impact de la définition de la blessure sur l'incidence ou la prévalence des blessures liées à la course à pied a été bien établi par Kluitenberg et al. qui ont rapporté des incidences allant de 7,5 % à 58,0 %, selon la définition de la blessure. Cet impact souligne la nécessité de disposer de méthodes standardisées d'enregistrement des blessures.

Des revues systématiques publiées ont analysé les différences de blessures liées à la course à pied en fonction des différents niveaux de coureurs ; cependant, les définitions données pour décrire le niveau d'un coureur (par exemple, débutant, récréatif, compétitif) manquent de données objectives pour soutenir leur validité. Une description plus précise du niveau des coureurs ferait état du volume, de la fréquence et de l'intensité de la course à pied afin de réaliser une analyse comparative plus significative des taux d'incidence et de prévalence parmi les différents types de coureurs.

Parmi les études incluses dans cette revue, 6 études prospectives avaient des périodes de suivi ≤ 3 mois. De nombreuses blessures survenant pendant la course à pied sont causées par des microtraumatismes répétés sur une longue période, entraînant une surcharge sur les structures musculo-squelettiques. Par conséquent, des études prospectives avec des périodes de suivi plus longues sont nécessaires pour examiner tous les RRMIs possibles, car les études avec des périodes de suivi plus courtes peuvent avoir sous-estimé le nombre de blessures de surutilisation. En outre, plusieurs études incluses dans cette revue n'ont pas rapporté le nombre total de coureurs blessés ou le nombre total de blessures. Ainsi, ce manque de clarté et de cohérence entre les études a rendu difficile l'obtention d'estimations précises des proportions d'incidence et de prévalence des blessures.
Limites de l’étude :
  • La recherche systématique n’a été effectuée que sur les 3 bases de données mentionnées et d’autres études éligibles auraient pu être trouvées sur d’autres bases de données.
  • Etant donnée que la quantité d’exposition à la course à pied peut influencer le développement des RRMIs, la manière la plus appropriée de rapporter l’incidence des blessures est d’exprimer le nombre total de blessures pour 1000h d’exposition. Cependant, cela n’a pas été possible car seul un nombre limité des études incluses a rapporté le ratio d’incidence ou de prévalence pour chaque pathologie spécifique.

Conclusion

  • Des critères d’inclusion larges ont été utilisés pour estimer l’incidence et la prévalence des blessures musculosquelettiques liées à la course à pied par localisation anatomique et par pathologie spécifique. Il s’agit de la première revue systématique à utiliser une telle approche
  • Chez les non-ultramarathoniens, la proportion la plus élevée de blessures, à la fois pour la prévalence et l’incidence, a été retrouvée au niveau du genou ; alors que chez les ultramarathoniens, la région la plus souvent blessée était la cheville. Les proportions pour l’incidence des blessures par région anatomique n’étaient pas significativement différentes entre les non-ultramarathoniens et les marathoniens
  • Dans les études prospectives, les 5 principales pathologies présentant les proportions d’incidence les plus élevées chez les non-ultramarathoniens étaient la tendinopathie d’Achille, le syndrome de stress tibial médial (périostite), le syndrome fémoro-patellaire, la fasciite plantaire et l’entorse de cheville. Dans les études rétrospectives/transversales, les 5 principales pathologies (proportions de prévalence) étaient les mêmes à l’exception de l’entorse de cheville qui étaient remplacée par le syndrome de la bandelette ilio-tibiale
  • Pour les ultramarathoniens, la tendinopathie du compartiment antérieur de cheville, le syndrome fémoro-patellaire et la tendinopathie d’Achille étaient les 3 blessures les plus fréquentes
  • Cette revue systématique donne des informations précieuses aux spécialistes de la médecine du sport pour mettre en place les mesures de prévention les plus appropriées afin de réduire les taux d’incidence élevés de blessure dans les populations de coureurs

L'article

Kakouris N, Yener N, Fong DTP. A systematic review of running-related musculoskeletal injuries in runners. J Sport Health Sci. 2021 Sep;10(5):513-522.