Facteurs prédictifs du spondylolisthésis à l’IRM chez les athlètes adolescents souffrant de lombalgie

Kinesport
Les douleurs lombaires (lombalgie : LBP) sont un symptôme courant chez les adolescents sportifs. La lombalgie mécanique non diagnostiquée (UMLBP), le spondylolisthésis et la lombalgie d’origine discale ont été signalés comme les principales causes de lombalgie chez les jeunes athlètes. Micheli et Wood ont indiqué que le spondylolisthésis était la cause la plus fréquente de lombalgie diagnostiquée, représentant 47 % des cas de lombalgie chez les jeunes athlètes. Les lombalgies d’origine discale sont au contraire moins fréquentes chez les adolescents sportifs que chez les adultes, et ne sont généralement pas suspectées chez les adolescents sportifs en l’absence de symptômes neurologiques.

Il se trouve donc que l'UMLBP et le spondylolisthésis seraient deux des causes les plus fréquentes de lombalgie chez les adolescents athlètes souffrant de lombalgie et ne présentant pas de symptômes neurologiques.

Le diagnostic clinique n’est pas toujours évident, et l’imagerie (radiographie antéro postérieure + latérale ; IRM ; CT scan) permet en général d’apporter des éléments concrets (notamment en cas de spondylolisthésis) et d’affiner le diagnostic.
Cette étude rétrospective, présentée en synthèse/traduction, vise à évaluer :

  • Les différences dans les facteurs cliniques et les résultats radiographiques entre les athlètes adolescents atteints de spondylolisthésis et ceux présentant des LBP sans symptômes neurologiques. 

  • Les prédicteurs des découvertes de spondylolisthésis sur les examens IRM. Les auteurs ont émis l'hypothèse que certains paramètres radiographiques, tels que le rapport L1:L5, seraient des indicateurs prédictifs significatifs de la découverte d'un spondylolisthésis lors de la future réalisation d'un IRM.

MÉTHODE

En ce qui concerne les indicateurs radiographiques, la présence de spina bifida occulta (SBO) et un angle de lordose lombaire (LL) augmenté sont des facteurs de risque pour le développement du spondylolisthésis. Le SBO (anomalie de fermeture du canal rachidien) et le rapport L1:L5 ont ici été mesurés sur une vue radiographique antéro postérieure, tandis que l’angle de lordose est mesuré sur une vue radiographique latérale (angle de Cobb entre les plateaux de L1 et ceux de L5, <20 degrés pour une lordose peu marquée, >25 degrés pour un grand angle de LL). Dans cette étude, les différents paramètres ont été analysés par des cliniciens expérimentés.
Mesure sur la radiographie antéro-postérieure du rapport entre la distance inter-facettaire de la vertèbre L1 (flèches supérieures) à celle de la vertèbre L5 (flèches du bas) (rapport L1:L5).

RÉSULTATS


  • 158 athlètes ont eu un IRM pour douleurs lombaires (LBP) à l’extension.
  • 137 athlètes n’avaient pas de symptômes neurologiques, dont 15 ont finalement été exclus de l’étude pour cause de diagnostics différentiels : hernie discale lombaire (9 athlètes), inflammation des ligaments inter épineux (2 athlètes), fracture de fatigue du sacrum (2 athlètes), inflammation lombaire inter-facettaire (2 athlètes).

Au final :
  • 75 athlètes diagnostiqués spondylolisthésis, dont 80% d’hommes (62 hommes, 13 femmes), âge moyen 15.1 ans.
  • 47 athlètes non diagnostiqués (UMLBP), avec un ratio hommes/femmes équivalent (23 hommes/ 24 femmes), âge moyen 14.9 ans.

DISCUSSION

Les résultats de la présente étude ont démontré que le sexe masculin et un rapport L1:L5 >65% lors de la radiographie étaient des prédicteurs indépendants de résultats positifs de spondylolisthésis sur les examens IRM chez les athlètes adolescents qui présentaient une lombalgie liée à l'extension sans atteinte neurologique. Certains auteurs avaient déjà indiqué par le passé qu’une augmentation caudale insuffisante de l'espacement inter-facettaire lombaire était associée à l'apparition d'un spondylolisthésis d'après les résultats de la comparaison des radiographies antéro postérieures de la colonne lombaire entre les individus souffrant de spondylolisthésis et les contrôles sains. Mais ici, les athlètes masculins présentant une spondylolisthésis avaient un rapport L1:L5 significativement plus élevé que ceux présentant une UMLBP (P=0.003), et la différence était plus grande que chez les athlètes féminins (P=0.01). Une explication possible de ces résultats est qu'une activité sportive excessive pendant la puberté peut empêcher la croissance normale des facettes articulaires lombaires, ce qui entraînerait une augmentation caudale insuffisante de la distance inter-facettaire lombaire, surtout chez les garçons. Selon Zehnder et coll., le rapport moyen L1:L5 chez un groupe contrôle en bonne santé (âge, 6-18 ans) serait de 52.7%. 

La présente étude a montré que les athlètes présentant un spondylolisthésis avaient une prévalence plus élevée de SBO et un angle LL plus grand par rapport aux athlètes présentant une UMLBP ; cependant, ni la présence de SBO ni un angle LL plus grand ne pouvaient prédire de manière indépendante le diagnostic de spondylolisthésis sur les examens IRM.

CONCLUSION


  • Le sexe masculin, un angle LL plus important et un rapport L1:L5 plus élevé sont les variables significatives qui différencient les athlètes adolescents souffrant de spondylolisthésis et ceux souffrant d'UMLBP. 

  • Les résultats de l'étude indiquent que le sexe et le rapport L1:L5 sont des indicateurs importants pour savoir s'il faut effectuer une IRM comme examen d'imagerie avancée pour les athlètes adolescents souffrant de lombalgie sans atteinte neurologique associée.

L'ARTICLE

Yokoe T, Tajima T, Sugimura H, et al. Predictors of Spondylolysis on Magnetic Resonance Imaging in Adolescent Athletes With Low Back Pain. Orthopaedic Journal of Sports Medicine. April 2021. doi:10.1177/2325967121995466