La décélération comme « vaccin » dans les sports d’équipe

Science of Multi-Directional Speed
Notre équipe Science of Multi-Directional Speed, en collaboration avec  le Dr Damian Harper, a récemment publié un article sous forme de revue et discussion dans Sports Medicine, soulignant l’importance des décélérations horizontales de haute intensité, considérées comme un indicateur clé de performance (ICP), et dont l’entrainement pourrait être utilisé comme stratégie potentielle de réduction des blessures dans les sports d’équipe (Deceleration Training in Team Sports: Another Potential ‘Vaccine’ for Sports-Related Injury? | SpringerLink (en anglais)). Nous pensons que cette discussion a permis de mettre en lumière le rôle important de l’évaluation, l’entraînement et du suivi de la décélération horizontale dans le cadre des sports d'équipe de haut niveau, et nous avons constaté que cette idée commence à être intégrée dans les réflexions et les pratiques de l’entraînement de vitesse (voir par exemple l’article en ligne – en anglais – Idées fausses sur l’entraînement de vitesse et de puissance pour les sports d’équipe (simplifaster.com)). Ce post vise à vous apporter un bref aperçu de cette discussion et à tenter de mettre en avant certaines implications plus appliquées pour les praticiens des sciences du sport et de la médecine dans ce domaine. Amener les athlètes à sprinter plus rapidement a été considéré comme une composante fondamentale des pratiques de conditionnement dans les sports d’équipe d’élite, avec la possibilité de « faire d’une pierre deux coups » en ce qui concerne à la fois la performance et la réduction des blessures, mais nous estimons qu’il peut en être de même pour « appuyer sur les freins »et ralentir nos athlètes. 

Définition


Nous définissons une décélération horizontale comme " l’action effectuée lors de scénarios sportifs qui précède une action de changement de direction (COD) ou une action immédiatement effectuée après un sprint pour réduire l’élan". Il est important de noter que les décélérations de haute intensité sont liées à des schémas de mouvement couramment effectués en match, où les athlètes doivent réduire rapidement leur élan afin d’échapper à leurs adversaires ou de les poursuivre lors de scénarios offensifs et défensifs. La performance des décélérations horizontales dans les sports d’équipe présente des caractéristiques biomécaniques (c'est-à-dire cinétiques, cinématiques et spatio-temporelles) et physiologiques (c’est-à-dire métaboliques, neuronales et musculo-tendineuses) uniques, possédant potentiellement des taux de réponse à la charge différents par rapport à d’autres indicateurs clés de performance (ICP). Les exigences élevées de freinage de la décélération horizontale nécessitent un allongement musculaire actif (c’est-à-dire une action musculaire excentrique) et ont la capacité de générer une charge mécanique plus importante, caractérisée par des profils de force de réaction au sol avec des pics d’impact et des taux de charge élevés. Par conséquent, par rapport à d’autres ICP, tels que les accélérations de haute intensité et le sprint, ces facteurs de stress peuvent être fondamentalement différents, devant être caractérisés, entraînés différemment, avec une surcharge progressive, au cours d’un cycle d’entraînement (Vanrenterghem et al., 2017).
Figure 1 | Action de décélération horizontale effectuée isolément. Au cours de ce type d’action, il faut mettre l’accent sur un freinage plus important dans les étapes précédant le pied de COD, un alignement correct des membres inférieurs et des postures corporelles correctes pour développer ces capacités.

Implications pour le risque de blessure et la performance


Dans notre article publié dans Sports Medicine, nous avons centré la discussion sur les implications potentielles du risque de blessure des décélérations horizontales de haute intensité dans les sports d’équipe. Cependant, comme nous l'avons vu précédemment, les praticiens des sciences du sport et de la médecine doivent comprendre que certaines méthodes d’entraînement sportif peuvent présenter un double avantage en termes à la fois d'amélioration des performances et de réduction du risque relatif de blessure. En effet, les bénéfices d'une exposition régulière, appropriée et progressive au sprint et à l'exercice excentrique pour nos athlètes, ont déjà été soulignés (McBurnie, Harper et al., 2021 ; McCall et al., 2020 ; Mendiguchia et al., 2019, 2020).

La partie suivante discutera des implications des décélérations horizontales sur le risque de blessure et la performance, mais surtout sur la façon dont les efforts pour améliorer ces deux éléments peuvent, en fait, aller de pair.

Risque de blessure

Les actions de décélération jouent un rôle important dans la réduction de l’élan corporel, en particulier lors de l’exécution de COD à angle aigu ou lors de courses à vitesse élevée (Dos’Santos et al., 2018). Cependant, en raison de leur propension à générer une charge multi-planaire élevée de l’articulation du genou lorsque le pied est planté au sol, il a été démontré que ces changements de direction rapides et ces décélérations induisaient des mouvements associés à des blessures sans contact des membres inférieurs, telles que les lésions du ligament croisé antérieur (LCA), les entorses médiales et latérales de la cheville, les blessures à l’aine et aux ischio-jambiers. En outre, en raison des exigences de freinage excentrique élevées de la décélération (c'est-à-dire les moments d'extension interne des membres inférieurs), ces actions peuvent être liées à des dommages musculaires induits par l’activité excentrique, comme en témoignent les niveaux élevés de biomarqueurs de dommages musculaires indirects (par exemple, ↑ créatine kinase) dans la période de 72 heures suivant des sprints répétés avec des décélérations intenses, ainsi que durant la période post-compétition. Il est important de noter que la capacité à tolérer des actions excentriques de force élevée dans des conditions de fatigue peut conduire à un événement de charge catastrophique qui dépasse la tolérance structurelle du tissu et entraîne une lésion musculaire. Inversement, des blessures plus chroniques dues aux charges de décélération peuvent résulter de l’accumulation de dommages tissulaires due à des charge cumulatives et répétitives, dépassant par la suite le taux de remodelage du tissu biologique et conduisant au phénomène connu sous le nom de « défaillance de fatigue mécanique ».
En raison à la fois de capacités physiques et d'habiletés motrices réduites, les athlètes qui font preuve d’une faible capacité de freinage horizontal peuvent présenter une probabilité accrue de lésions tissulaires plus sévères induites par l’excentrique et subir des charges articulaires multi-planaires du genou amplifiées pendant le COD (c'est-à-dire ↑ risque de blessure au LCA). Au cours d’une saison de compétition longue, avec beaucoup de matchs, un athlète de sport d’équipe insuffisamment préparé peut se retrouver dans un cercle vicieux de fatigue neuromusculaire et de lésions tissulaires toujours plus importantes, l'accumulation de microtraumatismes tissulaires entraînant des niveaux de fatigue chroniquement élevés, une diminution de la maîtrise des mouvements et l'incapacité d'atténuer efficacement les charges de freinage, ce qui augmente ensuite le risque de blessure (Harper & Kiely, 2018).

Le « vaccin »

Il a été démontré que l'exposition à un exercice centré sur l'excentrique induit des changements positifs dans l'architecture musculaire, caractérisés par l'ajout différentiel de sarcomères en série (Franchi et al., 2017). Cela améliorerait probablement la fonction musculaire en induisant un changement simultané dans les relations force-longueur et force-vitesse « optimales » du muscle ciblé ; ces mécanismes peuvent être considérés comme « protecteurs » en améliorant les vitesses maximales de raccourcissement des muscles, ainsi que les forces maximales produites à des longueurs musculaires plus longues, ce qui atténue par la suite les dommages musculaires induits par les excentriques. Une pré-activation rapide dans les muscles est également essentielle à cet égard, l'augmentation de l'épaisseur musculaire et des angles de pennation) pouvant renforcer la tolérance mécanique du muscle (c'est-à-dire ↑ potentiel force-vitesse), ce qui permet également de répondre aux exigences de charge de l'articulation du genou imposées aux ligaments lors du contact avec le sol. En outre, le rôle des tendons musculaires en tant qu' « amortisseurs élastiques en série » peut les amener à supporter une grande partie de la charge mécanique subie par l'unité muscle-tendon pendant la décélération. Cette capacité de tampon mécanique peut servir à réduire le taux d'allongement actif des faisceaux musculaires et la contrainte mécanique imposée aux faisceaux musculaires.
D’un point de vue biomécanique, la nature en plusieurs étapes des actions de COD indique que la décélération préliminaire est une stratégie fondamentale pour réduire l’élan et la charge subséquente de l’articulation du genou durant le dernier contact du pied de COD au sol (DosʼSantos et al., 2019). Cela peut être considéré comme un facteur de risque modifiable pour la réduction des blessures du LCA, une caractéristique clé d'un freinage efficace étant de pouvoir générer des amplitudes plus élevées d'impulsion de freinage dans les étapes précédant le plantage du pied de COD et de dissiper ces forces de freinage sur plusieurs contacts du pied, dans des plages de flexion du genou plus grandes et généralement effectuées dans le plan sagittal, ce qui est considéré comme une stratégie plus sûre.


En conséquence, la combinaison synergique d’une capacité de pré-activation rapide, de tendons mécaniquement robustes et d’une exécution de mouvements hautement efficaces joue un rôle essentiel dans la modération des charges mécaniques élevées subies par le système musculosquelettique lors des décélérations de haute intensité, et protège ainsi l'athlète de la nature dommageable de ces actions.
Figure 2 | Surfer sur la courbe force-vitesse dans le continuum de vitesse multidirectionnelle. Ceux qui s’intéressent à l’amélioration des performances chercheront à entraîner les extrêmes, ou les capacités maximales (force ou vitesse maximale) de leurs athlètes. En règle générale, les praticiens se concentreront sur la partie « droite » de cette courbe ; cependant, l’un des principaux objectifs d’un programme d’entraînement sportif devrait également être de préparer les athlètes à la « nature dommageable des décélérations », ce qui nécessite un entraînement axé sur la partie « gauche » de cette courbe. Les lignes en pointillés représentent le potentiel théorique d’adaptation après l’entraînement, où la décélération horizontale maximale et le sprint à vitesse maximale devraient jouer un rôle tout aussi central.

Une stratégie « gagnant-gagnant »


En plus d’induire des adaptations favorables en ce qui concerne la surface de section transversale du muscle, l’architecture et les schémas d’activation, l’utilisation de l’entraînement en surcharge excentrique peut également améliorer la capacité de force excentrique, avec des méthodes de résistance désormais couramment employées, telles que l’entraînement excentrique au tempo, l’entraînement Iso-inertiel ou la charge excentrique accentuée (Suchomel et al., 2019). En tant que telles, les adaptations développées à partir de l’entraînement en résistance axé sur l’excentrique sont également susceptibles d’être bénéfiques pour la performance athlétique, comme le démontrent les effets positifs de cette forme d’entraînement sur les performances de vitesse linéaire et de COD (García-Ramos et al., 2018). Cependant, nous tenons à souligner que la vitesse de mouvement, ainsi que le type de contraction, peuvent être un régulateur clé dans les adaptations bénéfiques obtenues grâce à ce type d’entraînement.

Par conséquent, en théorie, l’entraînement à la décélération peut être une méthode d’entraînement de force excentrique à grande vitesse qui pourrait entraîner des changements avantageux dans les caractéristiques neuronales, morphologiques et mécaniques, en particulier lorsqu’il est périodisé et programmé en conséquence. La composante à haute vitesse de cette méthode d’entraînement pourrait être essentielle pour diminuer les blessures, en raison des forces musculo-tendineuses associées plus élevées, qui sont souvent difficiles à cibler dans une salle de musculation. En effet, des résultats prometteurs ont déjà été démontrés à la suite d'un entraînement à l’arrêt forcé (Lockie et al., 2014), où les auteurs ont signalé des changements favorables dans les pics de couple concentrique et excentrique des extenseurs et fléchisseurs du genou et de la force réactive. Nous pensons que cette méthode d'entraînement simple pourrait être un stimulus puissant pour induire facilement des adaptations de la force de vitesse excentrique rapide des membres inférieurs sur le terrain en tant que séance d'entraînement isolée ou intégrée dans les échauffements avant les séances techniques/tactiques. Des travaux futurs sont certainement nécessaires pour confirmer l’efficacité de cette méthode sur les mesures de performance, la force musculaire, l’architecture et les schémas d’activation, ainsi que la dose minimale efficace d’entraînement à la décélération dans différents contextes. Cependant, nous conseillons une approche prudente de la programmation et de la périodisation de l’entraînement à la décélération et recommandons aux praticiens de considérer à la fois le volume, l'intensité et la densité de l'exposition à la décélération horizontale tant au niveau aigu que chronique. Par exemple, les distances ou les fréquences de décélération à haute intensité dérivées des technologies de suivi des matchs peuvent fournir un bon indicateur du volume de la séance, en manipulant également les vitesses d’approche et en arrêtant les « fenêtres » des exercices axés sur la décélération pour réguler l'intensité de la session (voir page 7 ; McBurnie et al., 2021). Il est également recommandé aux praticiens de limiter les augmentations d'entraînement à moins de 10 % par semaine et d'utiliser des marqueurs de fatigue comme guide pour la progression ou la régression de l'entraînement (c'est-à-dire physiologiques, neuromusculaires ou subjectives).

En réalité, d'excellents travaux menés par Tom Dos’Santos ont déjà montré les effets positifs qu’un entraînement ciblé en vitesse multidirectionnelle peut avoir sur l’amélioration des temps de performance de COD (cutting et pivot), de la mécanique et de la qualité des mouvements chez les athlètes de sports d’équipe (Dos’Santos et al., 2019, 2021). Dans le cadre de ces deux études, l’accent a été mis sur le développement de la mécanique de décélération et de la technique de COD par le biais d’exercices et d’un encadrement ciblés. Ceci a été démontré sur la base du rôle fondamental que les avant-derniers pas ont à la fois pour faciliter une performance optimale et pour réguler les exigences de charge de l'articulation du genou pendant le COD (DosʼSantos et al., 2019). Il est essentiel de noter que les méthodes d’entraînement employées dans la discussion ci-dessus étaient sous-tendues par une philosophie de coaching qui utilisait un mélange d'expériences antérieures et de raisonnement théorique scientifiquement soutenu. (Dos’Santos et al., 2018 ; DosʼSantos et al., 2019 ; McBurnie et al., 2021 ; McBurnie et Dos’Santos, 2021).

En conséquence, les dernières parties de ce post vous apporteront quelques conseils sur la façon d’incorporer des décélérations horizontales de haute intensité dans un programme d’entraînement de sport d’équipe. D
es recherches supplémentaires sont nécessaires pour étayer les suggestions suivantes et les lecteurs doivent interpréter ces recommandations en fonction du contexte et des réalités de leur propre environnement. Cependant, comme le sprint a reçu, à juste titre, beaucoup d’attention pour ses doubles avantages en termes de performance et de résilience aux blessures, l’importance des décélérations de haute intensité peut devoir être considérée sous le même angle.

Intégration de l’entraînement à la décélération dans le microcycle hebdomadaire : un exemple dans le football

L’utilisation de la périodisation tactique est devenue une approche de planification populaire dans le football d’élite, en raison du développement simultané des composantes technicotactiques et physiques du football qu’elle favorise au sein du microcycle hebdomadaire. Avec une compréhension du « modèle de jeu » des équipes, les principales qualités physiques associées à la réussite d’un match de football peuvent être analysées et ensuite surchargées par des moyens spécifiques au sport. La nature dynamique de cette approche dépend fortement du calendrier des matchs de l’équipe : par exemple, si une équipe a un ou deux matchs par semaine, la logistique des rencontres à l’extérieur, les joueurs convoqués en équipe nationale et bien d’autres aspects individuels. Cependant, suivant un planning classique d’un match par semaine, les équipes peuvent se voir offrir une « fenêtre d’opportunité » dans laquelle il y a suffisamment de temps entre deux rencontres pour surcharger les qualités biomécaniques, physiologiques et neuromusculaires nécessaires tout en permettant à la fatigue résiduelle de diminuer à temps pour le match du week-end suivant (Figure 2).
Si ces circonstances sont réunies, deux journées d’entraînement « d’acquisition » peuvent être intégrées à la semaine d’entraînement afin de surcharger les composantes de jeu à haute intensité en utilisant des thèmes de conditionnement footballistiques « intensifs » et « extensifs » (Walker & Hawkins, 2018). En bref, l’entraînement intensif en football s’articule autour de jeux à petit effectif, grâce à la structuration de paramètres d’entraînement avec des dimensions de terrain réduites (par exemple, 10 x 15 m) et, par conséquent, une densité de terrain élevée par joueur (~ 10-95 m2), ainsi que des rapports travail/repos réduits des exercices (par exemple, 2:1). Ces paramètres d’entraînement sont susceptibles d'induire un travail important du système musculosquelettique par l’exécution d’un volume et d’une densité élevés d’accélérations, de décélérations et de COD. A l’inverse, un entraînement extensif en football vise à élargir les dimensions du terrain (par exemple, le terrain complet) et à réduire la densité par joueur (~ 120-350 m2), reflétant généralement des caractéristiques plus spécifiques à la position du joueur durant les matchs, ce qui augmente le volume de travail à grande vitesse, avec des distances totales parcourues plus grandes, ce qui est un objectif physique souhaité pour le conditionnement spécifique au football. Il est important de noter que c’est dans ces conditions « extensives » que les exercices spécifiques au football permettent d'atteindre des vitesses proches du maximum de l'individu.
Figure 3 | Structurer le microcycle hebdomadaire avec un entraînement à la décélération comme indicateur clé de performance. De la même manière que les vitesses de sprint maximales sont devenues un facteur important à intégrer dans l’entraînement sportif, les décélérations de haute intensité devraient recevoir une attention similaire. « Intensif » et « Extensif » font référence à deux thèmes clés de conditionnement en football pendant les jours de forte charge physique. 


Bien que les avantages de cette approche ne soient pas contestés, il est encore souvent affirmé que la manipulation des conditions d’entraînement spécifiques au sport susmentionnées (par exemple, les jeux à petit effectif ou les matchs) peut ne pas être suffisante pour surcharger les paramètres physiques clés, et qu'elle n'offre pas non plus un moyen de fournir un entraînement de vitesse multidirectionnelle de manière structurée, systématique et progressive, tout en travaillant sur la mécanique du mouvement, ce qui est essentiel pour améliorer les performances sportives et réduire le risque relatif de blessure d’un joueur (McBurnie & Dos’Santos, 2021). C’est pourquoi les équipes sportives peuvent chercher à surveiller de près les variables clés grâce à l’utilisation de technologies de suivi (par exemple, des systèmes de positionnement global) afin de « recharger » les joueurs avec les paramètres de condition physique nécessaires pendant les exercices d’entraînement sportif lorsqu’ils sont identifiés de manière appropriée (Buchheit, 2019). Cependant, de la même manière que le volume de sprint (par exemple, les distances parcourues > 25,2 km.h-1) et l'intensité (c'est-à-dire, > 95 % de vitesse maximale) sont devenus des aspects clés à surveiller dans un environnement de sport d’équipe, nous soutenons qu’il peut en être de même pour l’exposition à la décélération horizontale de haute intensité. Nous insistons sur le fait que notre compréhension de la dose et de l'intensité minimales efficaces de l'entraînement à la décélération pour maintenir et/ou susciter des effets positifs reste actuellement incertaine. Néanmoins, grâce au séquençage des thèmes d'entraînement, des paramètres des exercices et des méthodes d'entraînement athlétique à différents moments de la semaine d'entraînement, les praticiens peuvent trouver un moyen de cibler les adaptations qui peuvent être propices à l’amélioration des capacités de décélération horizontale (Tableau 1).
Tableau 1 | Suggestions appliquées et justification théorique de l’inclusion de décélérations horizontales dans un microcycle hebdomadaire de football.
| VMD = vitesse multidirectionnelle, TCS = temps de contact avec le sol, COD = changement de direction, SSC = cycle étirement-raccourcissement, UTM = unité tendineuse musculaire, MSS = vitesse maximale de sprint, HDMAX = décélération horizontale maximale. a L’intensité de la décélération et l’activation musculaire subséquente modulent probablement la mesure dans laquelle les tendons agissent comme des tampons mécaniques. Ainsi, les journées « intensives » mettront davantage l’accent sur « l’endurance » des tissus UTM en raison du volume accru d'actions de décélération d'intensité modérée à élevée, tandis que les journées « extensives » verront probablement la réalisation de décélérations d'intensité quasi-maximale, en raison de la nécessité de réduire les vitesses plus élevées, ce qui impose une demande mécanique nettement plus importante aux structures tendineuses. b Bien que les distances générales et les intensités relatives fournies soient fondées sur des raisonnements antérieurs (Bellon et al., 2019 ; Buchheit et al., 2020 ; Malone et al., 2017), il est recommandé d'établir des profils de locomotion individualisés pour déterminer les distances utilisées (Harper et al., 2021).

Il est certain que recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier les exigences spécifiques de suivi et de dosage des décélérations de très haute intensité (c’est-à-dire presque maximales). Comme nous le mentionnons dans notre revue (McBurnie, Harper, et al., 2021), nous critiquons l’utilisation conventionnelle de seuils arbitraires équivalents à la fois pour l’accélération et la décélération afin de délimiter les actions de haute intensité, alors que leurs fondements physiologiques et biomécaniques sont si différents. De nouvelles techniques de surveillance peuvent nous permettre d'identifier plus précisément la charge au niveau tissulaire, de différencier les actions de haute intensité (c'est-à-dire les COD), d'identifier les schémas de charge asymétriques entre les membres, et d'identifier les paramètres biomécaniques et spatio-temporels indiquant des stratégies de mouvement compensatoires. Il est suggéré d'adopter une approche plus individualisée en caractérisant le profil maximal d'accélération-décélération horizontale d'un individu, à partir duquel des seuils ultérieurs peuvent être appliqués (Harper et al., 2021). C'est grâce à cette intelligence que nous pourrons peut-être révéler les conséquences à court et à long terme de l'entraînement et apporter en conséquence des méthodes de développement athlétique plus progressives.
Pour conclure, nous espérons que ces suggestions serviront de base à de futures recherches, à des avancées technologiques et à de nouvelles méthodes d'entraînement qui seront essentielles pour soutenir l'évolution future de la préparation physique des sports d'équipe. Nous vous remercions d'avoir lu ce post et vous invitons à lire un extrait de notre article :
« Alors que le développement et le maintien d'une activité locomotrice à haute vitesse restent une pièce essentielle du « puzzle de la performance » dans les sports d'équipe, il est conseillé aux praticiens de « ne pas accélérer ce qu’un athlète ne peut pas ralentir », de commencer à surveiller l’activité de décélération de leurs athlètes avec plus de vigilance et de faire progresser les charges d'entraînement de manière appropriée en gardant cette caractéristique clé à l'esprit. Au cours d’activités sur le terrain, les athlètes devraient être régulièrement exposés à des décélérations de haute intensité dans leur microcycle hebdomadaire, tout en améliorant leur capacité de force excentrique lors de l’entraînement hors terrain. En outre, le développement de la capacité de décélération horizontale d’un athlète devrait être assuré par une compréhension éclairée des mécanismes nécessaires à une performance réussie et à la réduction du risque relatif de blessure. Ces recommandations contribueront grandement à « protéger mécaniquement » les individus de la nature dommageable des décélérations de haute intensité et sont particulièrement pertinentes pour ceux qui doivent relever le défi de repousser les limites de la performance sportive tout en réduisant le risque de blessure. »
McBurnie, Harper, Jones & Dos’Santos (2021; page 9)

Références

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